L’autre jour en me faisant une tasse de café dans un appareil « senseo » qui évacue son jet d’eau bouillant à travers un « pad » de café odorant, disposé dans une petite coupelle prévue à cet effet, et faisant ainsi couler un délicieux café un peu mousseux, m’est soudain revenue l’image de notre moulin à café en Hollande.

J’avais 5 ou 6 ans, et parfois, après le repas, mon papa me faisait grimper sur une chaise pour atteindre le moulin à café accroché au mur de la « schuur » (remise) située près de la cuisine. Je ne sais plus si ce moulin était en porcelaine de Delft ou simplement en bois, mais je me souviens du plaisir d’être plus « grande », d’actionner la manivelle en un mouvement de plus en plus régulier, de précautionneusement sortir le petit tiroir à la bonne odeur de café, sans en renverser et le donner à mon père. Je demandais toujours pour rester quelque temps sur cette chaise et regarder « mon » univers d’en haut. D’ailleurs, je pouvais très bien en descendre toute seule en sautant.

Un autre objet disparu est le chauffage électrique d’appoint. Une parabole sur pied d’environ 80 cm de haut, à l’intérieur de laquelle rougeoyait une résistance électrique qui nous apportait une chaleur réconfortante. Mais attention, il ne fallait pas s’en approcher. Cette résistance n’était couverte d’aucune protection et devait sans doute provoquer de méchantes brûlures. J’ai le souvenir de la présence de cet objet dans notre salle de douche à Ede (Pays-Bas), qui n’était pas chauffée, ni les chambres non plus à cette époque. J’ai aussi l’impression qu’un chauffage de ce genre existait chez ma grand-mère Maka à Paris. Mais les souvenirs sont moins précis. En hiver, il y faisait glacial aussi.

Question chauffage, en Hollande, nous avions dans le séjour un poêle à charbon. Il était moins grand que celui de Maka à Charenton. Je crois qu’il était bleu/gris. Ce que j’aimais surtout, outre la bonne chaleur qu’il dégageait, c’était de regarder les changements de couleur de la porte de devant recouverte de mica. De rouge au début, quand on venait de lui enfourner un grand seau de petits boulets de charbon, on voyait les flammes passer par l’orange et le bleu et progressivement le mica redevenait gris translucide…et je passais à autre chose… Chez Maka, il n’y avait pas de possibilité de voir à l’intérieur : on entendait juste le rugissement et le ronflement des flammes lorsqu’on rechargeait le poêle et on devinait le rouge dans les interstices. Sur les dessus, il y avait plusieurs cercles concentriques que Maka manipulait avec habileté à l’aide d’un grand crochet. Près du poêle, se trouvait une chaise basse, à l’abri des courants d’air près du meuble vitrine. C’était la place favorite de Grand-Mère Louise dont j’ai un très vague souvenir (sans doute renforcé par une photo) vu qu’elle est morte quand j’avais 4 ans. Longtemps, Maka se levait la première pour vider les cendres du poêle et le remettre en route pour la journée. Comme beaucoup d’enfants j’étais aussi réveillée tôt et j’aimais cette routine, promesse d’une chaleur qui n’allait pas tarder à revenir.

Autre objet, qui n’a pas vraiment disparu, mais que je ne porte plus, ce sont les combinaisons et /ou jupons. J’ai eu un jupon rose vers 5, 6 ans que je portais avec une ravissante robe de coton léger blanc. J’ai adoré cette robe et ce jupon : je me sentais belle demoiselle.
Des combinaisons, j’ai dû en porter l’une ou l’autre à l’adolescence, mais la mode a assez vite passé à cette période où les minis se sont imposées ainsi que les jeans. A l’heure des premiers émois sentimentaux, on disait que lorsque la combinaison dépassait de la robe, c’est que l’on se cherchait un mari… Mais ce sous-vêtement en nylon, dont la couleur virait assez vite au blanc « pisseux » n’était pas agréable à porter et provoquait de l’électricité statique. Ma tante semblait par contre les apprécier, et on pouvait parfois la voir en « décontracté » dans une de ses combinaisons serties de dentelles. Il y avait aussi des chemises de nuit avec leur « déshabillé ». Le nylon était « roi » dans les années 60.

Mes premiers patins à roulettes, à quatre roues, s’accrochaient aux chaussures avec des lanières en cuir. Un système coulissant permettait d’adapter la taille et de faire « grandir » les patins en même temps que les pieds des enfants. Ils fonctionnaient avec des roulements à billes qu’il était utile de parfois huiler. Quelques années plus tard, à Overijse, nous avons « hérité » (je ne sais pas qui nous les avait donnés, mais c’était la première fois) de patins à glaces construits sur le même schéma et que nous avons pu (un peu) utiliser sur quelques mares gelées.

J’ai gardé longtemps les boutons en bakélite du vieux poste de radio ainsi que la vitre avant indiquant les différentes stations (Hilversum étant celle sur laquelle nous étions branchés en général) pensant les réutiliser dans un montage, que je n’ai finalement jamais fait. Cette radio se trouvait dans le living à Ede, et mon frère François adorait l’allumer et jouer avec les ondes sonores ; ce qui bien entendu agaçait mes parents ; et il était interdit de toucher à la radio !

Il me semble que maman a utilisé quelques mois une essoreuse à rouleaux notamment lors des lessives de draps, mais mes souvenirs sont là aussi un peu flous.

Autre « objet » récurrent dans ma mémoire, ce sont les petits pots de plante avec des cyclamens. Il y avait toujours au moins un cyclamen sur le rebord de la fenêtre donnant sur la rue dans notre maison de la Beatrixlaan. Régulièrement la plante piquait du nez car on oubliait de l’arroser. Maman la mettait alors quelques heures dans l’eau de l’évier, et elle se redressait par miracle.

Objets du bureau de mon père, les crayons bicolores, avec une extrémité rouge et l’autre bleue, trônaient parmi les trombones, l’agrafeuse et la perforatrice. Si nous les enfants, avions quelques crayons de couleur, et plutôt des gros pastels, ces crayons étaient exclusivement destinés au travail sérieux de notre père. Ils étaient en général un peu plus gros que nos crayons de couleurs, et mon père les taillait avec un couteau affûté.

Plus récemment, il y avait les fameux stencils. J’ai commencé à en taper vers 12, 13 ans. Pour me faire un peu d’argent de poche, je dactylographiais les articles pour une revue du groupe « Présence » dont ma mère faisait partie. J’en ai encore utilisé jusque fin des années 1970 pour les premiers cours de psychologie que je donnais aux puéricultrices et aspirantes nursing.

1 commentaire Répondre

  • Lucienne E Répondre

    Merci pour ce voyage dans mes souvenirs d’antan.Chez ma marraine, le moulin à café était accroché au mur et à la maison, on le calait entre les genoux en faisant attention à poser l’ouverture du tiroir vers soi. Il y avait aussi la cuisinière à charbon avec deux portes de four. On y plaçait des briques en hiver. Elles se réchauffaient toute la journée et le soir on les emballait et les déposait entre les draps. Pas de chauffage central ! Un beau souvenir : le gel qui faisait de si jolies arabesques sur les vitres de ma chambre. Merci Odile.

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