Je suis parti au Congo avec ma nouvelle épouse en 1956. On m’avait trouvé un poste d’enseignant de menuiserie dans une école de « Noirs ».

Au cours de notre voyage au Congo, nous avons fait escale au Niger vers 4h du matin. En sortant de l’avion, j’ai été surpris par la chaleur étouffante de l’air. Quelle sera l’atmosphère à Léopoldville ? Heureusement, dans la capitale congolaise, l’air est beaucoup plus respirable. Mais toujours très chaud !

Après quelques jours, nous partons pour Luluabourg en avion. Joséphine, mon épouse, et moi sommes vraiment dépaysés par la vie là-bas ! Les femmes sont vêtues d’un grand pagne en tissu bariolé, souvent un grand colis sur la tête ou un grand bassin, ou encore un gros fagot de bois. Les hommes portent souvent des habits déchirés et sont pieds nus. Des « négrillons » nous poursuivent pour demander l’aumône. Je prenais plaisir à caresser leurs petites têtes crépues ! Jamais je n’avais touché de cheveux comme cela !

Après un jour ou deux, nous partons pour Lodja, en avion. Nous logeons dans un hôtel au confort très rudimentaire. Lodja est une petite ville de plus ou moins 250 européens, quelques portugais, quelques italiens. A quelques kilomètres, se trouve la cité qui comprend plus ou moins 10 000 « Noirs ». Nous nous sommes présentés dans les locaux du territoire (administration coloniale) puis visitons l’école de menuiserie où je vais travailler. Chaque classe compte 35 à 40 élèves !

Le matin, les rangs se forment, le moniteur fait l’appel et distribue les jetons qui donnent droit au repas de midi. Ensuite la classe commence : le matin, les cours théoriques (math, français, etc.), l’après-midi, les travaux manuels. Les élèves « noirs » sont relativement doués et courageux. Ils veulent réussir malgré les conditions de vie pénibles : il fait très chaud et on manque de nourriture.

La-bas, les « Noirs » se nourrissent de leurs cultures : manioc, riz, légumes et des produits de la forêt. Ils mangent même des insectes ! Je me rappelle regarder les enfants courir après les mouches et les manger ! Parfois des ailes leur collent encore sur les lèvres... Les « Noirs » mangent aussi de gros vers blancs récoltés sur le compost. Il paraît que c’est un met de choix quand ils sont grillés ! Ils élèvent des poules qui leur donnent des œufs et de la viande. J’ai même vu un jour un noir manger un serpent que j’avais capturé !

Nous sommes restés 3 ans au Congo. Ce sont mes plus belles années d’enseignement. Les élèves noirs étaient bien plus courageux et ambitieux que ceux de Belgique. Ils voulaient réussir, ils voulaient ressembler aux blancs, ils voulaient sortir de la pauvreté. Je n’ai jamais retrouvé cette ambiance dans les écoles de menuiserie en Belgique.

Suite : 3. Le travail des boys au Congo par Albert

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