En ce temps de vacances, les gens courent d’un spectacle à l’autre, ils traversent les continents de part en part, survolent les mers et les océans, se bousculent dans les musées, visitent des monuments, se glissent dans les crevasses de la terre ou explorent les profondeurs sous-marines avec le désir de voir beaucoup de choses en peu de temps et d’éprouver des sensations fortes pour se faire des souvenirs.

Si, au retour c’est pour en parler avec des amis, rien de mieux !
Cela meuble la conversation et remplit le temps.
Mais si c’est pour eux, et pour réellement voir, je ne comprends pas bien car lorsqu’on voit les choses en courant, elles se ressemblent beaucoup. Un torrent, c’est toujours un torrent et un phare, c’est toujours un phare.
Ainsi, celui qui parcourt le monde à toute vitesse n’est guère plus riche à la fin qu’au commencement.

Pour moi, voyager, c’est marcher dans la forêt, avancer de quelques mètres, m’arrêter et regarder de nouveau sur un nouvel aspect des mêmes choses. Souvent, selon que l’on va s’asseoir à gauche ou à droite d’un étang, le décor change complètement. Selon que l’on contemple un même panorama le soir ou le matin, le décor se modifie et le jardin ne change-t-il pas de couleur au fil des saisons ?

La vraie richesse d’un spectacle est dans le détail. Voir, c’est parcourir les détails, s’arrêter un moment à chacun et de nouveau savourer l’ensemble comme on regarde un tableau chez soi.

Mon père m’a appris à regarder.
Chaque soir, à l’heure du coucher, il étalait une gravure, invariablement la même et me racontait la scène qu’elle représentait. Chaque soir, son récit variait car la gravure choisie était suffisamment riche pour qu’elle permette à mon père d’en modifier l’histoire. Je ne me lassais pas de regarder cette gravure et d’écouter ce qu’elle me racontait.
Inconsciemment, j’ai découvert que si je reviens à une chose déjà vue, elle m’attire plus que si elle était nouvelle et, réellement, elle est nouvelle.

A mesure que l’on sait mieux voir, les choses les plus simples enferment des joies inépuisables et fabriquent des souvenirs impérissables.

Tout compte fait, il ne faut pas partir bien loin pour voyager car, où que l’on soit, on peut voir le ciel étoilé.

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