Ce texte fait partie du feuilleton d’Yvette Lire l’ensemble

Les villageois attendent un maître d’école pour leurs enfants. La commune installe l’école et notre famille dans un très grand baraquement qui provient d’un camp allemand. Certaines fenêtres sont encore pourvues de grilles ! C’est vous dire que c’était accueillant !

Ce baraquement s’étirait le long de la grand-route Bastogne-Liège, juste en face des ruines de l’école et de la maison où je suis née. C’est un baraquement tout en bois, construit sur pilotis. Il n’y a bien sûr ni cave ni grenier. Le toit, en double pente, est couvert de carton bitumé. Les plafonds suivent la pente du toit. Il a plus de 30 m de long et va abriter l’école ( carré de 8 m sur 8 m), le vestiaire et « le trou à charbon » ( 2 carrés de 4 m sur 4 m) Notre habitation comporte six autres pièces : 3 chambres à coucher, 1 chambre à usages multiples, la cuisine et l’arrière-cuisine.

Quatre autres carrés, tous de même dimension, vont bientôt accueillir le frère de maman, oncle Léon, qui vient de se marier et où naîtront trois de leurs quatre enfants. Pas d’isolation thermique ni acoustique. En hiver, papa colmatait à l’aide de vieux journaux toutes les entrées d’air froid. On allumait un poêle supplémentaire pour chauffer les chambres à coucher. En été, comme dans un grenier ou une mansarde, nous subissions les jours de canicule. Il est arrivé plus d’une fois que papa invite ses élèves à sortir pour faire la classe dehors. Les cloisons en planches qui séparaient toutes ces petites chambres permettaient d’entendre tout ce qui se passait d’une chambre à l’autre. La chambre à coucher où dormaient mon oncle, ma tante et leurs quatre enfants, était contiguë à notre arrière-cuisine.

Au matin, les parents s’absentaient pour la traite de leurs vaches, à deux cent mètres de là.
On entendait souvent l’un ou l’autre des enfants appeler : « Tante Marthe, il y a Gérard qui m’embête ! « ou « Marraine, viens voir, Gérard m’a pris mes bonbons ! » Gérard, l’aîné, se sentait investi de l’autorité parentale et en abusait. Papa n’intervenait jamais mais Maman se sentait obligée d’aller rétablir la paix.
Ces quatre cousins, nés après la guerre, nous avons souvent eu la charge de les garder pendant que leurs parents travaillaient dans les étables. C’était plus une corvée qu’un plaisir !

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