Être ou ne pas être.... bruxellois !

Qu’il est loin le temps de Jacques Brel, le temps où Bruxelles "bruxellait"...

Aujourd’hui, Bruxelles c’est quoi ? une ville-territoire multiculturelle ? un grand village mondial, à taille humaine ? Quel esprit caractérise le bruxellois ? son hédonisme, son sens de l’humour voire d’auto-dérision, comme on l’a souvent dépeint ? Sa générosité, son sens de l’ouverture ? Au-delà des images d’Épinal et des poncifs, A & T vous donne la parole pour nous dire votre "bruxellitude"... votre façon d’être bruxellois, d’en être fier ou honteux, d’en être amoureux ou malheureux...

Dites nous "c’est quoi être bruxellois, pour vous ?"

11 commentaires Répondre

  • Paul B. Répondre

    Je suis né à Bruxelles en 1948, de père Bruxellois et de mère d’origine namuroise, et j’ai vécu à Saint Gilles puis à Forest jusqu’en 1988. J’ai effectué plusieurs séjours à l’étranger sur cette période. En 1988, j’ai déménagé dans le Brabant wallon, ou je suis resté jusqu’à ce jour, tout en travaillant de 1992 à 2010 au Luxembourg.

    J’ai cependant gardé un lien fort avec Bruxelles, et me définis encore aujourd’hui comme "Belge francophone, Bruxellois d’origine", et non comme "Wallon". Pourquoi ?
    Je pense qu’on reste attaché au lieu où on est né et où on a passé sa jeunesse, sans doute parce qu’il recèle tant de souvenirs agréables.

    Je me souviens du Bruxelles de mon enfance comme d’une ville tranquille, un peu provinciale, mais qui se transformait déjà. Les avenues de marronniers, notamment, étaient remplacées par des boulevards… Mais je me souviens aussi des magasins de quartier, du marché du parvis de Saint Gilles, avec ses marchands à l’accent savoureux ...

    De ma période estudiantine et de mes débuts dans la vie professionnelle, je garde le souvenir d’une ville joyeuse et conviviale, avec ses cinémas du centre ville, ses bistrots où se côtoyaient des gens différents, de ses petits restaurants à côté du bureau, des sorties entre collègues, la construction du métro, du quartier européen, l’apparition de restaurants et de spécialités de tous le pays européens, ... Une ville tranquille et pourtant bouillonnante qui offrait une qualité de vie qui lui était propre.

    Si l’on me demande ce qu’est un Bruxellois, il me vient à l’esprit une première esquisse du sentiment Bruxellois par différence avec d’une part le sentiment « Wallon », perçu comme parfois replié sur des sentiments régionalistes ; le terme "Wallon" évoque à mes yeux - à tort - le dialecte wallon, perçu comme une marque trop régionale. Cependant, la communauté de langue et de culture surpasse cette perception et je me sens partie d’une même culture francophone. Et, d’autre part, avec le sentiment « Flamand » tout simplement par la différence de langue .

    J’ai eu l’occasion d’habiter et de travailler dans d’autres capitales, ce qui m’a permis de reconnaître les qualités de Bruxelles : sa dimension humaine, son cadre verdoyant, la modestie de ses habitants (comparés, par exemple aux Parisiens). Mais, hélas, de constater également ses côtés négatifs qui sont apparus surtout après mon départ : la saleté (tags surtout, trottoirs et rues non nettoyés), l’augmentation de la circulation automobile, le sentiment d’insécurité dans certains quartiers, le mélange culturel non encore bien assimilé, l’augmentation du nombre de SDF.

    Bruxelles a bien changé depuis que j’en suis parti. Pourtant, je prends plaisir à y retourner, car elle est devenue une ville dynamique, diversifiée, multiculturelle et multilingue, avec ce mélange d’architectures de la Renaissance flamande, Classique, Art Nouveau et Retro qui côtoient les immeubles modernes, mélange qui, finalement, contribue au charme de la ville et à l’originalité de la ville.

    Paul B.

  • lucienne E. Répondre

    Cher Fred, j’ai beaucoup apprécié l’analyse faite par Jeanine K au sujet de votre déception de ne plus retrouver "votre" Bruxelles d’antan. Une anecdote : j’ai passé la soirée d’hier avec un neveu qui travaille et vit depuis une dizaine d’années dans les Pyrénées Orientales où il dirige une grande entreprise.Il est effaré par l’immobilisme administratif de la France. Tout est compliqué, bloqué, lent. C’est tellement compliqué de faire ses paiements avec sa banque française qu’il transfère de l’argent sur son compte belge et fait tous ses paiements par PCbanking depuis ce compte, sans problème ni longueur, ni déplacement. Il envisage de monter une entreprise mais pas en France, me dit-il, ce ne sont que des entraves. Il apprécie ce pays mais regrette son immobilisme, son repli. A Bruxelles, ça bouge, ça change,ça évolue, ça s’adapte, ce n’est bien sûr pas parfait mais ça VIT ! Sans rancune. Lucienne E

    • Jean N. Répondre

      Bonjour Lucienne,
      Votre neveu voit la France par le petit bout de la lorgnette et d’une manière manichéenne. Chaque pays a ses avantages et ses inconvénients, la France où j’ai vécu 25 ans, davantage les premiers que les seconds. Mon message 2593 a choqué certains Bruxellois fiers de l’être, qu’ils m’en excusent ; je suis né à Charleroi et je chantais « Le plus beau coin du monde, oui c’est toi. » Méthode Coué. Je souhaite à votre neveu de ne pas avoir envie de retourner dans les Pyrénées Orientales quand il se rendra compte que les lenteurs de l’administration peuvent être pires qu’en France ; que pour obtenir certaines autorisations, il faut l’aval de la commune, de la Région et d’un gouvernement fédéral démissionnaire depuis plus longtemps qu’aucun autre au monde ; que le courrier n’est pas distribué le samedi alors qu’il l’est en France. « A Bruxelles, ça bouge, ça change, ça évolue, ça s’adapte »¸ ? Peut-être, mais pas dans le bon sens !

  • Répondre

    Ca y est... je suis énervé. Après 13ans passés en France, je suis revenu dans mon pays, dans ma ville(Bruxelles).Je n’ai pas retrouvé mon pays et encore moins ma ville. La Cinémathèque et les Beaux-Arts ont été victimes de néologismes que je m’interdit d’écrire ici. Ceci à quelle fin ? La langue de Vondel semblerait trop pauvre que pour exprimer ce que notre francophone héritage grèco-latin permet d’exprimer...Le vase a débordé hier à l’audition d’une publicité pour le "Musée-Magritte-Muséum" et lorsque j’ai tenté d’envoyer un colis via DHL, 1190 est incontournablement "Vorst"et le boulevard de la 2eme Armée Britannique a pris un nom que ma physionomie et ma cavité buccale m’empêchent d’énoncer. L’Ancienne Belgique est encore AB.....pour combien de temps ?? Vaseline s’écrira bientôt Vazelijne !!!...Arrêtez de vouloir nous faire aboyer.
    Merci. Fred. V.

    • JeanninK Répondre

      oui Fred, beaucoup de choses ont changé à Bruxelles.

      vous quittez la ville pendant 13 ans et vous souhaitez retrouver une ville endormie dans son immobilisme !

      13 ans c’est long !

      Tous ces changements se sont passés en douceur, vous êtes sans doute surpris vu le traditionalisme immuable de la France où vous avez vécu sans vous poser de questions

      Bruxelles est devenue un "melting pot" fort intéressant que je vous invite à découvrir sans préjugés ni à priori.
      J K

      • fredV Répondre

        @ JK
        J’adore ces réactions bien-pensantes... ainsi que le pouvoir de certain à juger l’autre ! Et, partant, d’être capable de s’octroyer la liberté de dire à un inconnu qu’il fût lobotomisé pendant 13ans et surtout curieux de rien…..
        Je tiens cependant à vous rassurer cher(e) JK : ma curiosité, transmise (entre autre) par mes parents, amis et des études à St Luc et La Cambre, est intacte et n’a cessé de l’être. Quant au triste terme « melting pot », je vous laisse le soin d’y ranger ce qu’il vous convient. Bruxelles, en 13 années, n’est pas devenue une métropole multiculturelle et un lieu d’échanges bouillonnants ……………elle l’était déjà !!! Triste cécité. Mais il est bien connu que lorsque l’œil de la conscience s’entrouvre, il peut arriver que « trop de Lumière aveugle »……. Cordialement.Fred.

  • Danielle Defawe Répondre

    "J’suis Bruxellois
    Voilà pourquoi
    En ville je suis chez moi..."

    Adolescente, je fredonnais régulièrement les paroles de cette chanson.Car oui, je suis une vraie Bruxelloise. De père wallon et de mère flamande, je rassemble toutes les caractéristiques de la parfaite "zinneke". Jamais je n’ai quitté Bruxelles. J’y suis née, j’y ai étudié, travaillé et j’y ai vécu avec ma famille. D’abord avec mes parents puis avec mon époux et mes enfants. Et maintenant j’y reste pour vieillir...
    Mes points de repère, géographiques, culturels et relationnels sont à Bruxelles. Les petits-enfants savent bien cela. Métros, trams, bus les enchantent. Presque autant que le spectacle auquel nous les convions.
    Telle une mosaïque, Bruxelles mèlent les couleurs et il est bon de les découvrir dans différents quartiers. Auderghem est ma commune mais Molenbeek occupe, aujourd’hui, une place de choix. Non seulement par le coup de pouce mais aussi par mon intérêt pour son tissu associatif et culturel.
    De jour comme de nuit, sous le soleil ou la pluie, en toute saison,Bruxelles exerce qur moi une force d’attraction. J’aime traverser ses ruelles, découvrir ses marchés, applaudir ses spectacles, utiliser ses transports, participer à ses événements, rencontrer ses habitants...
    Ma rengaine, déjà ancienne, terminera parfaitement mon propos :
    "A la rue neuve
    Je fais peau neuve
    je vide les plats
    Au grand hôtel Sarma.
    Place de Brouckère
    Un dernier verre
    le 9 barré
    et l’on s’en va s’coucher."

  • lucienne E. Répondre

    Née en Wallonie, j’ai émigré à Bruxelles, près de l’ULB, à 14 ans, je suis donc une bruxelloise d’adoption et j’apprécie.J’aimais fréquenter les étudiants étrangers. Ce monde "exotique" m’ouvrait une fenêtre sur la planète. Puis, cerise sur la gâteau : l’expo 58 ! J’ai adoré ce monde entier qui me donnait rendez-vous dans ma nouvelle ville. J’aime les contacts humains plus que tout, les barrières linguistiques n’ont jamais été des obstacles, ça fonctionne aussi avec des sourires, des gestes et du baragouinage ! Si l’affinité se précise, on peut apprendre les rudiments de la langue de l’autre. Je garde ce même plaisir de contacts humains en me baladant à la Grand Place ou dans les transports en commun, regard et sourire ouverts, oreilles attentives pour entendre si je comprends et peux créer du contact. Avec le coup de pouce, j’ai rencontré sans a priori les "nouveaux belges" et me sens très à l’aise rue Josaphat. Je ressens Bruxelles comme une "ville du monde" plutôt qu’un espace francophone/néerlandophone même si je parle volontiers le flamand avec qui le souhaite. Ma ville n’est pas trop grande, elle a un petit côté provincial sympa, des espaces verts, je m’y sens en sécurité, j’habite à Auderghem (ceci expliquant peut-être cela ? - pas d’expérience de vivre dans des quartiers plus "sensibles" même si je les fréquente à l’occasion). J’oublie : le marché du midi est un régal pour la diversité et les senteurs, là je suis en même temps "brusseleer" et en vacances dans le mahgreb. Je pourrais monter aux créneaux si "on" voulait la rétrécir,diviser, coloniser, nationaliser ! Pour moi, elle n’est ni francophone ni néerlandophone, c’est un merveilleux melting pot au delà de tous clivages.Lucienne E.

  • Jean N. Répondre

    Puisque j’habite à Bruxelles, je suis bruxellois ! Alors être ou ne pas être, that’s not the question, mais je vais essayer de répondre à ce qui reste une demande.

    Être bruxellois c’est vivre dans quatre capitales à la fois : celle d’une Belgique déliquescente, celle d’une Flandre impérialiste, celle d’une Région étouffée par des limites absurdes, celle de l’Europe à vingt-sept. Être bruxellois, c’est supporter des prix plus élevés pour se loger, acquitter plus de taxes qu’en Wallonie ou en Flandre : enregistrement, droits de succession, etc.. Être bruxellois, c’est vivre dans la pollution générée par les automobiles immobilisées dans des embouteillages chroniques. Être bruxellois francophone, c’est devoir étudier à l’école le néerlandais, langue régionale, comme première langue étrangère, avant l’anglais, langue de communication internationale.

    Quel pessimisme direz-vous ! Je tempère : être bruxellois, c’est profiter d’une ville relativement verte, sauf en hiver, d’un bois de la Cambre parfois réservé aux piétons. Être bruxellois, c’est voir des films britanniques ou américains en version originale avec sous-titres bilingues, entendre un opéra à La Monnaie, les solistes du concours Reine Élisabeth au Palais des Beaux Arts ou le rock à Forest National, à condition de ne pas craindre de sortir le soir ; être bruxellois, c’est profiter du défilé et du feu d’artifice du 21 juillet à condition qu’il ne pleuve pas. Bruxelles a un dernier privilège : c’est le siège du seul Parlement d’Europe où l’on peut voir une jolie députée parée du foulard islamique.

    On devine que je ne suis ni fier, ni heureux d’être bruxellois. Si j’aurais su, j’aurais pas venu, comme dit naïvement un enfant dans un vieux film !

    • Répondre

      Je viens de lire le message de Jean N. et suis vraiment
      "dépitée". Je ne sais pas si Jean a beaucoup voyagé dans le monde mais je répondrais que la description qu’il fait de
      Bruxelles pourrait être celle de Londres, Paris, New York,
      Toronto,Tel Aviv, Pékin, New Delhi, Saïgon, etc.... pour ne citer que quelques villes que j’ai eu le privilège de visiter. Je pense que Jean n’aime tout simplement pas la vie citadine et je peux très bien comprendre ce point de vue. Les taxes, la pollution...il y en a partout, même à la campagne. Sortir le soir n’est certes pas plus dangereux à Bruxelles qu’ailleurs, suffit de sortir pour voir les cinémas et théâtres bondés. A ce propos, nous sommes particulièrement gâtés par les films "français" et tous les spectacles de nos voisins du sud. La pluie...mais c’est une bénédiction divine... On ne peut vivre sans eau... Quand je pense qu’on a qu’à ouvrir un robinet alors que dans certains continents c’est des kilomètres quotidiens à pied pour aller chercher un peu d’eau..et le 21 juillet la pluie ne m’a jamais empêchée de sortir avec mon parapluie...
      Notre Jean ne ferait-il pas un petit coup de cafard ??
      Nous avons tout : liberté de circuler, de parler, de jouir
      des bienfaits de la sécurité sociale, des aides et des soutiens aux plus démunis, même s’il y a des efforts encore àfaire...Nous avons des associations pour seniors, des clubs de rencontre, etc....
      J’ai des amis qui sont partis vivre à La Réunion : soleil, farniente, très peu de contacts sociaux (sauf aller boire et manger etc).... mais qu’est-ce qu’ils s’emmm.....!!!
      Moi, j’aime Bruxelles car c’est une ville qui "vit, bouge,
      produit des artistes, des médecins, des industriels, des artisans de tout premier ordre", je l’aime justement car je peux rencontrer d’autres cultures, d’autres langues,car je peux me rendre utile encore, moi senior, auprès de plus jeunes et tout cela pèse beaucoup plus dans la balance parce que justement j’ose espérer ( oui, je sais, je suis plutôt optimiste) que, malgré la crise que nous connaissons,
      le "vivre ensemble" continuera de faire de Bruxelles une ville où il fait bon vivre. C’est donc bien cela qui fait de moi une vraie "zinneke" Bruxelloise puisque née en France, de parents hollandais et de religion juive...
      Allez, Jean.. hauts les coeurs..le soleil brille, le printemps arrive et, grâce à la pluie, la nature va se parer de vert...
      A bientôt.
      Kitty

    • jeannineK Répondre

      cher Jean :
      pas très jojo tout ça.

      permettez donc de vous donner
      ma version

      j’y suis née,je suis fière de mes origines et j’aime ma ville

      c’est une ville agréable à vivre ;
      il faut s’y promener le nez en l’air, profiter des multiples, innombrables possibilités culturelles ;

      tous les jours , si on en a la volonté il y a qq chose à faire, à voir à Bruxelles

      des initiatives nouvelles éclosent constamment et contrairement à Paris où les même spectacles restent à l’affiche pendant 5 ans, notre Capitale offre des spectacles sans cesse renouvelés,d’excellente qualité mais que trop de personnes ignorent pour se pâmer devant des artistes, parfois fatigués, qui viennent de Paris.

      l’esprit de Bruxelles est unique, ne se retrouve nulle part

      le Bruxellois est frondeur, ironique, bon vivant ; il suffit de connaître un peu le dialecte pour apprécier la "Zwance"

      la ville devient multiculturelle et c’est bien ainsi

      on fréquente enfin les autres autrement qu’en vacances

      bien sûr le meilleur peut voisiner avec le pire mais cela se vérifiera partout , même dans un charmant coin perdu de campagne

      j’ai pendant plusieurs année, avec une amie, sillonné ma ville à la découverte de quartier mal connus, nous avons apprécié plein de petits détails charmants ou drôles

      j’ai eu dernièrement le plaisir de guider plusieurs couples venus de Milan dans ce Bruxelles qu’ils venaient découvrir pour la première fois ; je vous garanti qu’ils sont repartis ravis par l’ambiance générale et par tous ce qu’ils ont vu à Bruxelles ( et pas uniquement la grand place et Manneken Pis )

      Excusez moi Jean, mais j’ai l’impression d’entendre un navetteur qui descend à la gare centrale tous les jours et qui donne un avis négatif sur Bruxelles

      la ville c’est comme les gens :il faut connaître pour apprécier

      J’y vis depuis 70 ans

      je sors le soir sans crainte

      je n’ai nulle nostalgie de Bruxelles qui Brusselait

      battons-nous pour la garder telle qu’aujourd’hui et que la politique ne vienne pas ternir toute cette joie de vivre bruxelloise

      Jeannine K

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

s’inscriremot de passe oublié ?