La législation belge sur l’euthanasie est une des plus libérales dans le monde.

Est-ce trop ? Est-ce suffisant ?

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<onglet|debut|titre= POUR>

L' EUTHANASIE. "POUR"... un texte de Claude



Qu’est-ce que l’euthanasie ? :

Etymologiquement, « euthanos » signifie la « bonne mort »,

Au sens moderne du terme, l’euthanasie est définie comme étant l’acte, pratiqué par un tiers, qui met fin intentionnellement à la vie d’une personne à la demande de celle-ci.

La demande peut être formulée sur le moment même ou de manière anticipée.

Cet acte est constitutif d’infraction sauf s’il est pratiqué par un médecin dans le respect de certaines conditions et selon une procédure définie.
On distingue :
o L’euthanasie active :
Elle suppose le geste d’un tiers qui donne la mort.
o L’euthanasie passive :
C’est l’arrêt des traitements (sauf soins palliatifs) qui abrège la vie lorsque le cas est désespéré.
Certains contestent cette distinction au motif que l’euthanasie passive serait un refus d’acharnement thérapeutique (légal).
La Belgique permet, depuis septembre 2002, la pratique de l’euthanasie active médicalement encadrée, sur des patients majeurs, conscients, atteints d’une affection incurable et éprouvant une souffrance insupportable. (lire l’article de l’échevin ucclois Eric C. Sax sur la déclaration anticipée en matière d’euthanasie). La Belgique est le second pays en Europe, après les Pays Bas à avoir dépénalisé l’euthanasie.

En ce qui me concerne j’adhère entièrement avec la législation belge que je trouve courageuse et réaliste.
Je suis, en effet, pour la liberté de chacun de choisir le moment de sa mort, parfois même lorsque la personne se porte bien, par le biais d’un testament de vie.
La durée de la vie a considérablement augmenté dans les pays industrialisés, à l’heure également où des personnes meurent du sida ou d’autres maladies incurables, parfois dans des douleurs incontrôlables, plus souvent à l’hôpital qu’à domicile, le débat sur l’éthique de la fin de la vie s’impose plus que jamais à nous.

Il ne s’agit évidemment pas d’imposer des règles à quiconque, ni de proposer des solutions toutes faites.
La communauté laïque part du principe qu’il faut avant tout assurer le respect des droits du patient de connaître la vérité, de refuser un traitement, de bénéficier de soins palliatifs, d’obtenir l’aide médicale pour une mort douce. Il s’agit d’une garantie de l’autonomie de l’homme et de sa liberté à définir lui-même, en toute connaissance de cause, les conditions de son existence et du maintien de sa dignité d’être humain.
Qui d’entre vous qui m’écoute n’est pas effrayé a l’idée de mourir dans un état de déchéance physique et mentale, de longues souffrances que la médecine ne peut pas toujours atténuer, et avec une fin inéluctable et proche, sans rémission possible ?
Mourir dans la dignité, dans son univers familier, chez soi et sans souffrance, tel est le vœu du plus grand nombre. Pourtant, en Europe, la grande majorité des gens meurent à l’hôpital ou en institution. Notre société persiste à tenir la mort à distance, et le débat public sur ce sujet est souvent difficile. Ce que l’on redoute n’est pas la mort en soi, mais plutôt une agonie dans d’atroces souffrances. La législation de l’euthanasie n’est-elle pas une solution ?
On peut penser que ce n’est que parce que la personne est incapable de le faire elle-même qu’elle ne se tue pas. On peut avancer qu’il existe une inégalité entre la personne valide qui peut attenter a sa vie, et celle qui ne le peut pas. C’est donc obliger une personne a vivre contre sa volonté.
Loin de constituer des attitudes opposées comme certains le présentent, les soins palliatifs et l’euthanasie sont deux réponses à la souffrance des malades incurables. Elles sont toutes deux fondées sur le souci d’aider le patient et sont donc complémentaires et en fait indissociables.
Si les douleurs sont actuellement bien prises en compte et souvent calmées de manière efficace, en particulier dans les services de soins palliatifs, il persiste des souffrances importantes qui ne sont pas des douleurs :

  la perte progressive du contrôle sur son propre corps, comme dans le cas de maladies neurodégénératives,

  la sensation d’étouffement,

  la déformation de son corps, et surtout de son visage,

  la perte définitive de son autonomie.
Dans ces conditions, l’apport des soins palliatifs ne permet pas toujours d’apaiser la souffrance, et l’euthanasie reste une porte de sortie
L’Homme est seul titulaire des droits associé à son corps, seul maître de sa vie ; c’est la simple application de la liberté individuelle. Il doit être le seul à décider de ce qu’il veut faire de son corps mais aussi de son esprit, c’est-à-dire de ce qui fait qu’il existe en tant qu’Homme.

Le sens de la loi dépénalisant l’euthanasie adoptée le 28 mai 2002 est de placer le patient et sa volonté propre au centre du débat. Nulle euthanasie n’est imposée à celui qui s’y oppose. Désormais, le libre choix des principaux intéressés ne pourra plus être ignoré. Les médecins qui seront amenés à accomplir, dans les conditions prévues par la loi, cet acte ultime d’humanité au patient qui le demande, seront désormais à l’abri de poursuites. Enfin, l’euthanasie clandestine pratiquée à la sauvette et sans le moindre contrôle appartiendra bientôt au passé. Un progrès important a été accompli, même si le texte, à certains égards imparfait ou incomplet, méritera une réévaluation en temps et lieu.
Il existe en Europe un grand nombre d’euthanasie clandestines, estimé a 2000 environs, soutenu par la justice qui fait preuve d’indulgence pour ces meurtre perpétré par compassion.
Ainsi la loi pénalisant l’euthanasie ne serait plus le reflet de la réalité, et avec ou sans une loi, l’euthanasie se pratique. Mieux vaut qu’elle soit encadré que de la laisser se faire dans des conditions qui pourrais être douteuses.
Le Territoire-du-Nord en Australie a été le premier Etat du monde à légaliser l’euthanasie active directe. Un nombre très réduit de personnes, pour l’essentiel des cancéreux en phase terminale, y ont eu recours. En Europe, la réticence vient de la crainte d’ouvrir une brèche qui laisserait libre cours à tous les excès. Des pressions sociales ou des considérations financières pourraient inciter à mettre fin à la vie de personnes âgées et malades. Ces craintes sont très vivaces en Allemagne, qui reste très marquée par les expériences traumatisantes du Troisième Reich.
Pourtant, les tentatives faites dans d’autres pays pour légiférer en la matière ne confirment pas vraiment ces craintes. Aux Pays-Bas, le nombre d’homicides perpétrés sans consultation de la volonté des patients n’a pas augmenté depuis que l’euthanasie est réglementée par la loi. La législation néerlandaise interdit également de tels actes. En Allemagne, l’expérience montre que le fait de ne pas légiférer sur ces questions ne protège en rien des abus.

En conclusion :

* l’individu est seul juge de la qualité de sa vie et de sa dignité. Personne ne peut juger à sa place. C’est le regard qu’il porte sur lui-même qui compte et non celui que pourraient porter les autres. La dignité est une convenance envers soi que nul ne peut interpréter. Elle relève de la liberté de chacun.
* L’impératif éthique, dans le débat sur l’euthanasie, consisterait à ne jamais oublier qu’une demande d’assistance à une mort consentie, ou une demande d’euthanasie active, reste l’ultime espace de liberté auquel a droit l’homme. Aucune confiscation de ce droit, toujours révocable, ne serait justifiable sous peine de persister dans une obstination thérapeutique déraisonnable, dont on a vu qu’elle est unanimement condamnée.

<onglet|titre=CONTRE>

L' EUTHANASIE: "CONTRE"... un texte d'Achille



EUTHANASIE HUMAINE.

L’euthanasie, depuis son assez récente légalisation dans divers pays européens, a suscité de nombreux débats.


En France, la pratique de l’euthanasie constitue un assassinat punissable de la réclusion criminelle à perpétuité.
Nous faisons nôtre cette notion d’assassinat. Tuer autrui, quelle qu’en soit la raison, constitue un acte contre nature, un déni de la vie.

Pour les croyants des trois religions monothéistes, l’euthanasie constitue une négation ou une mise en cause sacrilège de la volonté divine.

Les débats qui entourent le sujet, ne font pas, à notre sens, suffisamment référence aux médecines palliatives dont le but principal consiste à permettre à des personnes souffrant de maladies incurables de mourir dans la plus totale dignité.
Il est donc utile d’examiner cette médecine avec objectivité, tant du point de vue éthique que religieux, et de l’opposer par là à toute forme d’euthanasie.

MEDECINE PALLIATIVE.
Il est utile de préciser ce qu’on entend exactement par euthanasie, médecine palliative et suicide médicalement assisté.

En 2003, l’Association Européenne de Soins Palliatifs (EAPC), ONG qui regroupe toutes les associations européennes de soins palliatifs, a adopté une position officielle établissant ces distinctions.
La médecine palliative est un oui à la vie et considère la mort comme un processus normal. Ce qui signifie aussi que la mort ne doit être ni accélérée ni retardée. Partant de là, l’euthanasie et le suicide médicalement assisté ne sont pas des options de la médecine palliative.
En cas de pronostic létal, ne sont pas assimilés à l’euthanasie, l’arrêt d’un traitement ou de soins médicaux n’apportant aucune chance de rémission, ainsi que l’administration de calmants pour soulager d’insoutenables souffrances au cours des derniers jours de la vie. Ils sont considérés comme des moyens légaux de médecine palliative, toujours choisis en étroite concertation avec le patient et ses proches. Au contraire l’euthanasie est le fait de donner la mort à un patient sur sa demande ; elle est définie comme un « acte du médecin visant à faire mourir une personne qui a décidé librement et en connaissance de cause de mettre fin à ses jours, en lui administrant un médicament. ». Le suicide médicalement assisté est décrit comme étant « l’acte d’un médecin visant à permettre à une personne qui en a décidé librement et en toute connaissance de cause de mettre fin à ses jours, en mettant un médicament à sa disposition. »

L’un des principes essentiels de la médecine palliative est de respecter, renforcer, voire restaurer l’autonomie du patient et non de la détruire.
Les soins palliatifs portés aux malades incurables en fin de vie visent essentiellement à :

 atténuer les douleurs et autres symptômes insupportables

 intégrer la dimension psychologique et spirituelle

 aider les patients pour qu’ils puissent jusqu’au bout mener une vie aussi active que possible

 aider les proches d’un patient en leur montrant comment l’accompagner dans la maladie, et les aider aussi à gérer la perte douloureuse d’un être cher.
Bref, la médecine palliative a pour objet d’améliorer la qualité de la vie et d’avoir un impact positif sur l’évolution de la maladie, même grave et incurable. Autrement dit, dans cette situation éminemment existentielle qu’est la fin de la vie, ce qui compte est bien de respecter et de préserver la dignité de la personne.

L’EAPC a résumé les principaux motifs de refus de l’euthanasie. Elle signale que l’euthanasie est susceptible de

 mettre sous pression des personnes sans défense

 minimiser l’importance des soins palliatifs, donc d’en entraver le développement

 générer une situation conflictuelle entre les dispositions juridiques d’une part et d’autre part les valeurs et principes personnels et professionnels des médecins et du personnel soignant

 appliquer ou promouvoir l’application des critères cliniques à d’autres groupes sociaux

 promouvoir les homicides pratiqués par les médecins sans l’accord des patients, voire contre leur volonté

 banaliser les actes d’homicides qui finiraient par être acceptés par la société.
Il faut toujours prendre au sérieux la peur de mourir dans la souffrance qui incite beaucoup de gens à regarder vers l’euthanasie ou le suicide médicalement assisté. Il ne faut pas que cette angoisse soit un motif de propagande en faveur d’une mort hâtée mais au contraire qu’elle contribue à renforcer la création d’un réseau dense de structures proposant des soins palliatifs. L’expérience le montre : les demandes d’euthanasie et de suicides médicalement assistés diminuent presque toujours lorsqu’on propose un accompagnement palliatif complet. Au fur et à mesure qu’une maladie évolue, les personnels soignants assistent souvent à un profond revirement des mentalités. Une situation qui aurait paru insupportable à une personne en bonne santé finit par être acceptée. Peut-être certains espoirs sont-ils déçus, mais en même temps ils peuvent évoluer, tendre vers d’autres objectifs. Ils jouent alors un rôle essentiel pendant le traitement palliatif. Et puis, une personne réclamant l’euthanasie, si elle sait qu’elle n’aura plus à souffrir, sait également qu’elle n’aura plus de joies. Pour toutes ces raisons, il convient de mettre en garde contre l’euthanasie, même bien intentionnée même légalisée. Qui sait où elle mènerait une fois que la mécanique serait enclenchée.
Signalons encore que certains considèrent que l’arrêt d’un traitement ou de soins médicaux constitue un acte d’euthanasie passive. Cette appréciation ne correspond nullement à celle de l’EAPC mentionnée plus haut. Ceci fait apparaître les limites ténues et subjectives entre euthanasie et soins palliatifs. Nous nous en tiendrons à la position de l’EAPC.
PROGRES SCIENTIFIQUES.
Les progrès scientifiques constituent une autre raison de maintenir les malades en vie. Chaque jour apporte son lot de découvertes scientifiques. On ne peut donc déclarer avec certitude que ce qui est incurable aujourd’hui le sera encore demain.
Dans l’état actuel de la science, de nombreux antidouleurs associés aux soins palliatifs apportent aux malades le confort utile et nécessaire à vivre au mieux la fin de leur vie.


EUTHANASIE ET RELIGION.
La vie est un don de Dieu et l’homme n’a pas le droit de décider à quel moment, pour quelle raison et de quelle manière il peut y mettre fin. S’il agissait ainsi il se substituerait à son créateur.
Selon la religion islamique, il est interdit de donner la mort si ce n’est de bon droit, c’est-à-dire la peine de mort pour les criminels.
La religion catholique considère l’euthanasie comme immorale. Cet acte qui nuit à la dignité de l’homme ainsi qu’à Dieu est considéré comme un meurtre. « Dieu seul donne la vie et lui seul peut la reprendre. ». De plus, l’’euthanasie s’oppose complètement au sixième commandement de Dieu « Tu ne tueras point. ». Ce commandement ne permet aucune interprétation. Toute forme d’aide au suicide ou d’acte qui puisse y être assimilé est donc condamnable, sans aucune possibilité d’interprétation.
Lors de la mort par euthanasie d’Hugo Claus, Mgr Danneels a estimé « qu’en quittant de la sorte la vie, on ne répond pas aux problèmes de la souffrance et de la mort. Agir ainsi n’est pas un acte héroïque. »
Pour un croyant, tout est dit par cela.

Remarquons encore que les trois religions monothéistes, en opposition en cela avec l’EAPC, condamnent également l’interruption de l’arrêt thérapeutique. Les protestants l’autorisent si la demande du malade est justifiée et répétée.


LEGISLATIONS EUROPEENNES EN MATIERE D’EUTHANASIE.

Terminons par un extrait d’article paru sur le site internet français de Doctissimo en rappelant préalablement qu’en France, pays des droits de l’homme, l’euthanasie n’est pas autorisée.
Toutefois 88 % des Français y sont favorables dans le cas de personnes atteintes de maladies insupportables et incurables.

« L
es législations européennes sont très différentes.
En 2001, les Pays-Bas ont dépénalisé l’euthanasie sous des conditions légales très strictes.
En 2002, la Belgique s’engage sur la même voie.
« Au Danemark et en Allemagne, l’arrêt des traitements pour les personnes incurables en ayant exprimé le désir est autorisé.
En Suisse, le suicide assisté par un médecin est légal et il n’est plus sanctionné en Espagne. Cette particularité suisse attire des malades étrangers souhaitant en finir.
La Norvège, la Finlande, l’Angleterre et l’Italie se sont prononcé contre l’euthanasie même si plusieurs cas n’ont pas donné lieu à des condamnations.

En Angleterre, le débat est également relancé depuis que Lord Joel Joffe, juriste et ancien défenseur des droits de l’Homme qui avait défendu Nelson Mandela, a annoncé vouloir faire entrer le suicide assisté dans le droit britannique.
Le débat avait même été amené devant la Cour européenne des droits de l’Homme en avril 2002.
Mais au-delà de cette belle unanimité déclarée, comment définir le cadre légal d’une assistance au suicide ? Comment encadrer les indications pour lesquelles un tel acte peut être envisagé ? Comment recueillir l’avis des malades incapables de s’exprimer ? Alors que la communauté médicale apparaît divisée sur le sujet, qui devra au final pratiquer l’euthanasie ?... »
Ces dernières questions, à elles seules, révèlent toute la complexité du problème de la légalisation de l’euthanasie.
Personnellement, nous sommes d’avis que sur le plan éthique, au stade de la fin de vie d’un être humain, les soins palliatifs, suivis éventuellement par l’arrêt thérapeutique, s’imposent comme étant les seuls procédés susceptibles de préserver toute la dignité du malade.



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15 commentaires Répondre

  • Souris verte Répondre

    deux fois pour ! on n’a pas choisi de naître, on peut choisir de mourir ...

  • Souris verte Répondre

    26 septembre 2009 à 09h20min / paul — paul_falkenback yahoo.fr

    Et quel est votre avis concernant des futurs parents à qui l’on apprend que leur bébé qui va naître ne sera qu’un légume, incapable de marcher, peut être aveugle ou sourd, incapable de communiquer ? par exemple, le pire que je connaisse, un microcéphale. comprenez-vous qu’il est nécéssaire de l’éliminer ou préférez-vous que les parents et la famille vivent un calvaire tout au long de leur existence, sachant que la médecine va le maintenir en vie très longtemps ?

    • Souris verte Répondre

      La réponse à cette question ne peut être que personnelle mais il est important que les réponses soient acceptées par l’équipe médicale et ... par la loi. Quant à moi, il est clair que si j’étais la mère, je demanderais d’arrêter cette vie.

  • Freddo Répondre

    Bien que catholique , je suis entièrement d’accord pour qu’on pratique l ’euthanasie sur des personnes qui subissent d’horribles et atroces souffrances en fin de vie.
    On a pas le droit de laisser un être humain qui n ’est plus qu ’un corps malade
    ne sachant plus communiquer avec son entourage .

  • Paul Répondre

    Chaque été nous allions, en famille, en vacances au bord de la mer.
    En août de l’année 1987, nous avions choisi Les Lecques, sur la Côte d’Azur varoise pour y passer deux semaines.
    Comme à l’habitude, nous avions réservé des chambres dans une petite pension de famille non loin de la plage.

    Dans le même hôtel, une famille de français moyens, un couple d’une cinquantaine d’années, était accompagné d’un handicapé à qui on ne pouvait donner d’âge : Lionel était petit, grimaçant et bavait continuellement, il trainait un jouet usé jusqu’à la corde qui semblait avoir été un ours en pluche.
    La mère était obligée de le tirer derrière elle, il était incapable de faire quoique ce soit tout seul (il portait des langes) et poussait des cris inhumains.
    Lorsqu’il ouvrait la bouche, on remarquait la présence de deux séries de dents, les dents définitives et les dents de lait qui n’étaient pas tombées.

    Un sentiment de pitié devant cette misère nous faisait réfléchir sur le comportement que nous aurions pu avoir devant un tel cas…

    Le côté effrayant de cet être s’est manifesté clairement à nos yeux le jour où il s’est agrippé à la queue de cheval de notre fille !
    Ce n’était plus un être humain que sa mère a du forcer à lâcher prise, c’était un être simiesque, même pas un anthropoïde, un monstre…
    Il nous figeait de terreur, ma fille en était terrorisée.

    Lors du week-end du 15 août, la famille de Lionel avait accueilli leur fille et son compagnon.
    Au dîner, la serveuse vient chercher la mère pour un coup de téléphone de la grand-mère.
    Ce jour là une réflexion du père a sidéré l’assemblée : "C’est ma belle-mère au téléphone" dit-il à haute voix, et continuant sur un ton sarcastique : "les belles-mères, il faudrait les euthanasier !".

    Et bien NON, cette pauvre grand-mère n’avait pas à être euthanasiée, elle…

  • Michèle, A&T rédac Répondre

    Le point de vue socio-économique ? Très bonne idée ! Parlons-en !
    Voici ce qu’un homme politique belge bien connu déclarait il y a quelque temps : "Statistiquement, vous et moi allons "consommer" dans notre dernière année d’existence, un budget de dépenses sociales et de santé équivalent à ce que nous aurons "coûté" au cours de toutes les années précédentes de notre vie ... Imaginez ce à quoi ce constat pourrait mener dans une société froide, inhumaine, utilitariste !".

    Et vous qu’en pensez-vous ?

  • josé Trussart Répondre

    Je suis pour l’euthanasie au nom de ma liberté à disposer de moi-même comme je l’entends
    Pourquoi ne pas aborder ce sujet sur les plans économico-social ?Plus d’un milliards d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté dans le monde et taraudés par la faim alors que la prolongation de vie d’un "légume humain" mobilise des montants exhorbitants .
    Ma morale me dit : "Ne t’accroche pas en vain c’est autant d’économiser pour l’ amélioration des conditions de vie de ces enfants.Encore faudrait-il que notre monde développé se mobilise dans cette direction.

    • romyo Répondre

      Que penseriez-vous si ce "légume" qui ne l’est peut être pas vraiment était vous ? Croyez-vous que de vouloir garder en vie ceux qu’il est encore indispensable d’essayer de réanimer changera quelque chose aux injustices de ce monde ? Et si c’était quelqu’un que vous aimez et qu’après quelque temps il se réveille ?
      La médecine fait beaucoup de progrès nous pouvons le constater chaque jour. Ce malade a payé lui aussi des cotisations INAMI etc pour pouvoir profiter dignement de ses vieux jours ou pour cet enfant qui allait mourir mais qui est sauvé quand même ! Condamnons carrément à mort tous les grands malades, ainsi il ne nous sera plus difficile de détourner notre regard. N’allez pas chercher ces nécessiteux dans de lointains pays, ici en Belgique, nous n’en avons que plus qu’il n’en faudrait. Voulez-vous un jour payer de votre vie pour sauver qui ...

  • romyo Répondre

    Personnellement, je suis pour, mais j’ai déjà assisté des mourants, e.a. ma grand-mère et le fzit est, que lorsque la personne est encore en assez bonne santé mais a peur, d’un jour souffrir, elle vous demande "tu seras là afin qu’"on" fasse quelque chose afin que je ne souffre pas". Lorsque le cancer lui avait rongé le sein, et petit à petit le reste de son organisme, je n’aurais pas pu faire quoi que ce soit, par égoïsme je crois, de peur de voir partir celle que j’adorais, plus tôt, trop tôt, aussi tout ce que j’ai finalement fait c’est aller lui rendre visite tous les jours, afin, il me semble de me sentir moins coupable de ne rien faire ! Elle est morte, sans plus aucune peau vivante sur le dos, à force d’être couchée, le docteur venait la ponctionner de l’eau qui envahissait, de plus en plus les poumons. Il n’y avait encore aucune loi sur l’euthanasie, ou la mort assistée par équipe médicale, j’aurais pu croire avant pouvoir l’aider à ne pas souffrir, je n’ai pas su !
    J’essaie de m’imaginer aujourd’hui au chevet d’un très proche et de devoir prendre la décision ensemble ; j’ai du mal à m’y voir !
    N’est-il pourtant pas plus simple que l’équipe médicale prenne la décision, lorsqu’elle se rennd compte qu’il n’y a plus rien à faire, plus que la souffrance...
    J’ai assisté également une mourante dans un service de soins palliatifs bien connu mais dont je ne citerai pas le nom, vu l’indignation que j’ai ressentie en constatant comment les "mourants" étaient "assistés", je dirais plutôt cachés dans un lit par la famille et là leur "conscience" se sentait bien, ils payaient pour cela ! Mais ce service n’avait rien de mieux qu’un service normal à l’hôpital où on laisse parfois le mourant dans son service avec ses co-alités et ne se sent pas abandonné !
    Il s’en va lentement et le personnel s’en occupe, sans qu’il s’agisse d’un service spécial. Pour moi les soins palliatifs ne sont qu’un mouroir, là, les autres ne les voient pas et leurs proches sont rassurés !
    Je ne peux dire qu’il s’agit d’une généralité, mais mon vécu me permet de citer ces 2 cas parmi bien d’autres !
    Finalement, le vieux système du médecin de famille, bien au courant, soignant le malade dans son environnement, n’est-il pas la meilleure solution ? Assister et aider à ne pas souffrir, mais pas abadonner quelque part où le malade a encore plus peur de ses murs blancs, de ces gens inconnus, de ces visites rares ! Il lit dans les yeux, qu’ils viennent voir s’il est toujours vivant !

  • Jean N. Répondre

    Je regrette de ne pas croire aux prescrits des religions créées par des hommes à leur image. Les trois religions monothéistes étaient destinées, il y a des siècles, à des nomades incultes du Proche Orient. Imaginez l’obéissance au Ramadan au mois de juin à Oslo et pire, encore plus près du cercle polaire ! Jésus, le seul fondateur pacifique et l’ami des pauvres a été trahi par le Vatican. Dans l’Évangile selon Matthieu, ne lit-on pas « il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux » ? Comment apprécie-t-il le luxe, les marbres et les dorures du Vatican ? D’autre part, approuve-t-il les bons catholiques espagnols d’avoir tué des millions d’Indiens en son nom ?

    Toutefois, je respecte ceux qui ont des convictions opposées aux miennes à condition qu’ils ne veuillent pas les imposer à tous, par tous les moyens, y compris les plus cruels : bûchers, lapidation. En Belgique, la loi autorisant l’euthanasie a été votée par une majorité démocratiquement élue, donc par les représentants d’une majorité de nos concitoyens. Elle n’est imposée à personne.

    Il est curieux que la plupart de ceux qui s’opposent à l’avortement thérapeutique soient les mêmes qui acceptent, voire prônent la peine de mort. C’est alors un homme conscient qui est assassiné légalement et non un fœtus, un être en fabrication peut-être porteur d’une terrible maladie génétique.

    J’ai été mis au monde, non par Dieu, mais grâce à l’accouplement de mes parents. Ils ne m’avaient pas demandé mon avis. D’ailleurs, en se donnant du plaisir avaient-ils l’intention d’engendrer ? Maintenant je suis un homme libre et c’est à moi de décider comment je veux mourir. Dans la maison de repos et de soins où ma femme et moi vivons nos dernières années, je côtoie tous les jours des personnes qui survivent en végétant dans un état mental ou physique insoutenable. D’aucuns ne demandent qu’une chose : mourir. Pourquoi votre Dieu ne met-il pas fin à cette vie qui n’a plus rien d’humain ? N’est-t-il pas Tout Puissant et Miséricordieux, à en croire votre catéchisme ?

    Ma femme et moi avons signé une déclaration anticipée d’euthanasie. Nous voulons mourir dans la dignité et non en déchet humain.
    .

    • clodomir Répondre

      Quel dommage que les partisans du "respect de la vie" à tous crins n’aient pas déployé autant d’énergie dans la lutte contre la guerre que dans le combat contre la légalisation de l’avortement ou de l’euthanasie ; à croire que, pour eux,la vie n’est sacrée qu’à ses deux extrémités : aux abords de la naissance et de la mort.
      Ce sont les mêmes qui dénigrent les pacifistes !

  • Claire Répondre

    L’euthanasie est une bonne chose quand la personne la demande après mûre refletion, elle permet de mettre fin à un calvaire qui ne set à rien

    • romyo Répondre

      Il arrive à certains moments de notre vie de se sentir tellement mal, de se sentir mourir et d’espérer que la fin vienne. Mais il arrive aussi de se remettre et de se dire : "je suis encore vivante, quelle chance, que de choses j’aurais pu rater si quelqu’un m’avait écouté, alors que je me croyais au bout du rouleau ! Ne nous laissons pas trop vite tromper par le mal ou certaines situations qui semblent irrécupérables !
      Courage à certains et ne baissez pas trop vite les bras. Dans la balance qu’est ce qui penche le plus ? je voudrais que ceci soit un texte d’espoir de la part de quelqu’un qui a un jour cru que tout était fini et qui est heureuse d’illuminer dss jours gris.

    • jeannine Répondre

      mon petit fils a vécu du côté de son père, la décisiosn d’euthanasie d’une cousine atteinte d’une maladie incurable et en proie à des souffrances énormes.

      la malade a décidé, en a informé ses proches sereinement . Plusieurs réunions avec les médecins ont été organisées, accompagnées d’ une aide psychologique. Après plusieurs jours, la date fut fixée en accord avec la malade. Une dernière visite la veille où chacun a exprimé son amour mutuel ; des moments très durs, très émouvants mais tellement profonds, tellement sincères que chacun en a gardé un merveilleux souvenir, bien meilleur que les périodes atroces de souffrances, impuissants à aider l’être cher.

      je pense que ce geste d’euthanasie est une liberté méritée que toute personne a le droit de revendiquer pour soi quand physiquement plus rien ne justifie une existence inutile

    • Jules B. Répondre

      Les religions ont construit des systèmes d’éthique sur le postulat de l’existence d’un dieu. Personne ne peut s’arroger le droit d’imposer aux autres la croyance en ce postulat. Personne donc ne peut, de la même manière, contraindre autrui au respect des règles morales déduites de cette hypothèse.

      Il arrive néanmoins que certaines de ces règles rejoignent celles d’une « morale naturelle » communément admise.

      Le principe de la liberté est de celles-là. Il se situe à l’épicentre d’une contradiction de fait dans la pensée religieuse. Comment concilier en effet, d’une part, la théorie par laquelle on explique toutes les abominations humaines et l’irresponsabilité de Dieu qui aurait laissé à l’homme la liberté de choisir entre le bien et le mal, et d’autre part une condamnation sans appel de celles et ceux qui veulent décider de mourir dignement ?

      Il n’y a de paradoxe que dans les mots : la mort fait partie de la vie. C’est, comme on l’a déjà dit, la seule certitude. Je peux donc décider que ma mort m’appartient, comme je peux considérer que la vie que l’on m’a imposée – mais qu’il m’appartient d’accomplir de telle ou de telle façon - n’est pas ou n’est plus en rapport avec la personne que je veux être.

      « Tuer » ! La belle hypocrisie ! Les croyants comme les autres tuent sans arrêt ; et pour cent « bonnes » raisons, ne fût-ce que pour se nourrir, privent de leur vie des millions d’autres créatures. Il ne faut pas confondre les concepts au-delà des mots : dans l’acte médical d’euthanasie active, tel qu’il est régi par la loi belge, ce n’est pas une agression violente comme le terme l’implique, mais l’accomplissement assisté d’une volonté individuelle exprimée en toute liberté et conscience. C’est une démarche à la fois humaniste et sociale, en rapport avec les normes et les choix de notre temps, légitime comme pouvait l’être aux yeux de certains peuples la nécessité d’abandonner derrière eux, ou de porter au plus froid de la montagne, ceux qui ne pouvaient plus vivre dignement, efficacement, dans la tribu.

      Nous n’en sommes plus là.

      Mais à nos yeux, aujourd’hui, la souffrance peut devenir avilissante, parce qu’elle est réductrice de la qualité d’homme dans toutes ses nuances. Je veux être libre de décider d’y mettre un terme, d’interrompre ce qu’elle entraîne d’humiliations pour moi et de charges moralement douloureuses pour mon entou-rage.
      Je dirai même que seule, cette mort choisie, au-devant de laquelle on se porte (N’est-ce pas, d’ailleurs, ce que fit Jésus le Nazaréen au Golgotha ?), cette mort voulue comme un ultime acte de volonté, est « rédemptrice », dans le premier sens du mot, de ramener « au bien », enfin, ce que je ne peux plus supporter, comme un « mal ».

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