La législation belge sur l’euthanasie est une des plus libérales dans le monde. Est-ce trop ? Est-ce suffisant ? Nous vous proposons de découvrir deux textes ci-dessous et de vous exprimer sur notre forum avec vos mots, votre cœur, votre sensibilité, votre froideur peut-être, ... et surtout de ne pas avoir peur de contester des interventions que vous ne pourriez accepter. A vous maintenant … |
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<onglet|debut|titre= POUR>
L' EUTHANASIE. "POUR"... un texte de Claude |
Qu’est-ce que l’euthanasie ? :
Etymologiquement, « euthanos » signifie la « bonne mort »,
Au sens moderne du terme, l’euthanasie est définie comme étant l’acte, pratiqué par un tiers, qui met fin intentionnellement à la vie d’une personne à la demande de celle-ci.
La demande peut être formulée sur le moment même ou de manière anticipée.
Cet acte est constitutif d’infraction sauf s’il est pratiqué par un médecin dans le respect de certaines conditions et selon une procédure définie.
On distingue :
o L’euthanasie active :
Elle suppose le geste d’un tiers qui donne la mort.
o L’euthanasie passive :
C’est l’arrêt des traitements (sauf soins palliatifs) qui abrège la vie lorsque le cas est désespéré.
Certains contestent cette distinction au motif que l’euthanasie passive serait un refus d’acharnement thérapeutique (légal).
La Belgique permet, depuis septembre 2002, la pratique de l’euthanasie active médicalement encadrée, sur des patients majeurs, conscients, atteints d’une affection incurable et éprouvant une souffrance insupportable. (lire l’article de l’échevin ucclois Eric C. Sax sur la déclaration anticipée en matière d’euthanasie). La Belgique est le second pays en Europe, après les Pays Bas à avoir dépénalisé l’euthanasie.
En ce qui me concerne j’adhère entièrement avec la législation belge que je trouve courageuse et réaliste.
Je suis, en effet, pour la liberté de chacun de choisir le moment de sa mort, parfois même lorsque la personne se porte bien, par le biais d’un testament de vie.
La durée de la vie a considérablement augmenté dans les pays industrialisés, à l’heure également où des personnes meurent du sida ou d’autres maladies incurables, parfois dans des douleurs incontrôlables, plus souvent à l’hôpital qu’à domicile, le débat sur l’éthique de la fin de la vie s’impose plus que jamais à nous.
Il ne s’agit évidemment pas d’imposer des règles à quiconque, ni de proposer des solutions toutes faites.
La communauté laïque part du principe qu’il faut avant tout assurer le respect des droits du patient de connaître la vérité, de refuser un traitement, de bénéficier de soins palliatifs, d’obtenir l’aide médicale pour une mort douce. Il s’agit d’une garantie de l’autonomie de l’homme et de sa liberté à définir lui-même, en toute connaissance de cause, les conditions de son existence et du maintien de sa dignité d’être humain.
Qui d’entre vous qui m’écoute n’est pas effrayé a l’idée de mourir dans un état de déchéance physique et mentale, de longues souffrances que la médecine ne peut pas toujours atténuer, et avec une fin inéluctable et proche, sans rémission possible ?
Mourir dans la dignité, dans son univers familier, chez soi et sans souffrance, tel est le vœu du plus grand nombre. Pourtant, en Europe, la grande majorité des gens meurent à l’hôpital ou en institution. Notre société persiste à tenir la mort à distance, et le débat public sur ce sujet est souvent difficile. Ce que l’on redoute n’est pas la mort en soi, mais plutôt une agonie dans d’atroces souffrances. La législation de l’euthanasie n’est-elle pas une solution ?
On peut penser que ce n’est que parce que la personne est incapable de le faire elle-même qu’elle ne se tue pas. On peut avancer qu’il existe une inégalité entre la personne valide qui peut attenter a sa vie, et celle qui ne le peut pas. C’est donc obliger une personne a vivre contre sa volonté.
Loin de constituer des attitudes opposées comme certains le présentent, les soins palliatifs et l’euthanasie sont deux réponses à la souffrance des malades incurables. Elles sont toutes deux fondées sur le souci d’aider le patient et sont donc complémentaires et en fait indissociables.
Si les douleurs sont actuellement bien prises en compte et souvent calmées de manière efficace, en particulier dans les services de soins palliatifs, il persiste des souffrances importantes qui ne sont pas des douleurs :
la perte progressive du contrôle sur son propre corps, comme dans le cas de maladies neurodégénératives,
la sensation d’étouffement,
la déformation de son corps, et surtout de son visage,
la perte définitive de son autonomie.
Dans ces conditions, l’apport des soins palliatifs ne permet pas toujours d’apaiser la souffrance, et l’euthanasie reste une porte de sortie
L’Homme est seul titulaire des droits associé à son corps, seul maître de sa vie ; c’est la simple application de la liberté individuelle. Il doit être le seul à décider de ce qu’il veut faire de son corps mais aussi de son esprit, c’est-à-dire de ce qui fait qu’il existe en tant qu’Homme.
Le sens de la loi dépénalisant l’euthanasie adoptée le 28 mai 2002 est de placer le patient et sa volonté propre au centre du débat. Nulle euthanasie n’est imposée à celui qui s’y oppose. Désormais, le libre choix des principaux intéressés ne pourra plus être ignoré. Les médecins qui seront amenés à accomplir, dans les conditions prévues par la loi, cet acte ultime d’humanité au patient qui le demande, seront désormais à l’abri de poursuites. Enfin, l’euthanasie clandestine pratiquée à la sauvette et sans le moindre contrôle appartiendra bientôt au passé. Un progrès important a été accompli, même si le texte, à certains égards imparfait ou incomplet, méritera une réévaluation en temps et lieu.
Il existe en Europe un grand nombre d’euthanasie clandestines, estimé a 2000 environs, soutenu par la justice qui fait preuve d’indulgence pour ces meurtre perpétré par compassion.
Ainsi la loi pénalisant l’euthanasie ne serait plus le reflet de la réalité, et avec ou sans une loi, l’euthanasie se pratique. Mieux vaut qu’elle soit encadré que de la laisser se faire dans des conditions qui pourrais être douteuses.
Le Territoire-du-Nord en Australie a été le premier Etat du monde à légaliser l’euthanasie active directe. Un nombre très réduit de personnes, pour l’essentiel des cancéreux en phase terminale, y ont eu recours. En Europe, la réticence vient de la crainte d’ouvrir une brèche qui laisserait libre cours à tous les excès. Des pressions sociales ou des considérations financières pourraient inciter à mettre fin à la vie de personnes âgées et malades. Ces craintes sont très vivaces en Allemagne, qui reste très marquée par les expériences traumatisantes du Troisième Reich.
Pourtant, les tentatives faites dans d’autres pays pour légiférer en la matière ne confirment pas vraiment ces craintes. Aux Pays-Bas, le nombre d’homicides perpétrés sans consultation de la volonté des patients n’a pas augmenté depuis que l’euthanasie est réglementée par la loi. La législation néerlandaise interdit également de tels actes. En Allemagne, l’expérience montre que le fait de ne pas légiférer sur ces questions ne protège en rien des abus.
En conclusion :
* l’individu est seul juge de la qualité de sa vie et de sa dignité. Personne ne peut juger à sa place. C’est le regard qu’il porte sur lui-même qui compte et non celui que pourraient porter les autres. La dignité est une convenance envers soi que nul ne peut interpréter. Elle relève de la liberté de chacun.
* L’impératif éthique, dans le débat sur l’euthanasie, consisterait à ne jamais oublier qu’une demande d’assistance à une mort consentie, ou une demande d’euthanasie active, reste l’ultime espace de liberté auquel a droit l’homme. Aucune confiscation de ce droit, toujours révocable, ne serait justifiable sous peine de persister dans une obstination thérapeutique déraisonnable, dont on a vu qu’elle est unanimement condamnée.
<onglet|titre=CONTRE>
L' EUTHANASIE: "CONTRE"... un texte d'Achille |
EUTHANASIE HUMAINE.
L’euthanasie, depuis son assez récente légalisation dans divers pays européens, a suscité de nombreux débats.
En France, la pratique de l’euthanasie constitue un assassinat punissable de la réclusion criminelle à perpétuité.
Nous faisons nôtre cette notion d’assassinat. Tuer autrui, quelle qu’en soit la raison, constitue un acte contre nature, un déni de la vie.
Pour les croyants des trois religions monothéistes, l’euthanasie constitue une négation ou une mise en cause sacrilège de la volonté divine.
Les débats qui entourent le sujet, ne font pas, à notre sens, suffisamment référence aux médecines palliatives dont le but principal consiste à permettre à des personnes souffrant de maladies incurables de mourir dans la plus totale dignité.
Il est donc utile d’examiner cette médecine avec objectivité, tant du point de vue éthique que religieux, et de l’opposer par là à toute forme d’euthanasie.
MEDECINE PALLIATIVE.
Il est utile de préciser ce qu’on entend exactement par euthanasie, médecine palliative et suicide médicalement assisté.
En 2003, l’Association Européenne de Soins Palliatifs (EAPC), ONG qui regroupe toutes les associations européennes de soins palliatifs, a adopté une position officielle établissant ces distinctions.
La médecine palliative est un oui à la vie et considère la mort comme un processus normal. Ce qui signifie aussi que la mort ne doit être ni accélérée ni retardée. Partant de là, l’euthanasie et le suicide médicalement assisté ne sont pas des options de la médecine palliative.
En cas de pronostic létal, ne sont pas assimilés à l’euthanasie, l’arrêt d’un traitement ou de soins médicaux n’apportant aucune chance de rémission, ainsi que l’administration de calmants pour soulager d’insoutenables souffrances au cours des derniers jours de la vie. Ils sont considérés comme des moyens légaux de médecine palliative, toujours choisis en étroite concertation avec le patient et ses proches. Au contraire l’euthanasie est le fait de donner la mort à un patient sur sa demande ; elle est définie comme un « acte du médecin visant à faire mourir une personne qui a décidé librement et en connaissance de cause de mettre fin à ses jours, en lui administrant un médicament. ». Le suicide médicalement assisté est décrit comme étant « l’acte d’un médecin visant à permettre à une personne qui en a décidé librement et en toute connaissance de cause de mettre fin à ses jours, en mettant un médicament à sa disposition. »
L’un des principes essentiels de la médecine palliative est de respecter, renforcer, voire restaurer l’autonomie du patient et non de la détruire.
Les soins palliatifs portés aux malades incurables en fin de vie visent essentiellement à :
atténuer les douleurs et autres symptômes insupportables
intégrer la dimension psychologique et spirituelle
aider les patients pour qu’ils puissent jusqu’au bout mener une vie aussi active que possible
aider les proches d’un patient en leur montrant comment l’accompagner dans la maladie, et les aider aussi à gérer la perte douloureuse d’un être cher.
Bref, la médecine palliative a pour objet d’améliorer la qualité de la vie et d’avoir un impact positif sur l’évolution de la maladie, même grave et incurable. Autrement dit, dans cette situation éminemment existentielle qu’est la fin de la vie, ce qui compte est bien de respecter et de préserver la dignité de la personne.
L’EAPC a résumé les principaux motifs de refus de l’euthanasie. Elle signale que l’euthanasie est susceptible de
mettre sous pression des personnes sans défense
minimiser l’importance des soins palliatifs, donc d’en entraver le développement
générer une situation conflictuelle entre les dispositions juridiques d’une part et d’autre part les valeurs et principes personnels et professionnels des médecins et du personnel soignant
appliquer ou promouvoir l’application des critères cliniques à d’autres groupes sociaux
promouvoir les homicides pratiqués par les médecins sans l’accord des patients, voire contre leur volonté
banaliser les actes d’homicides qui finiraient par être acceptés par la société.
Il faut toujours prendre au sérieux la peur de mourir dans la souffrance qui incite beaucoup de gens à regarder vers l’euthanasie ou le suicide médicalement assisté. Il ne faut pas que cette angoisse soit un motif de propagande en faveur d’une mort hâtée mais au contraire qu’elle contribue à renforcer la création d’un réseau dense de structures proposant des soins palliatifs. L’expérience le montre : les demandes d’euthanasie et de suicides médicalement assistés diminuent presque toujours lorsqu’on propose un accompagnement palliatif complet. Au fur et à mesure qu’une maladie évolue, les personnels soignants assistent souvent à un profond revirement des mentalités. Une situation qui aurait paru insupportable à une personne en bonne santé finit par être acceptée. Peut-être certains espoirs sont-ils déçus, mais en même temps ils peuvent évoluer, tendre vers d’autres objectifs. Ils jouent alors un rôle essentiel pendant le traitement palliatif. Et puis, une personne réclamant l’euthanasie, si elle sait qu’elle n’aura plus à souffrir, sait également qu’elle n’aura plus de joies. Pour toutes ces raisons, il convient de mettre en garde contre l’euthanasie, même bien intentionnée même légalisée. Qui sait où elle mènerait une fois que la mécanique serait enclenchée.
Signalons encore que certains considèrent que l’arrêt d’un traitement ou de soins médicaux constitue un acte d’euthanasie passive. Cette appréciation ne correspond nullement à celle de l’EAPC mentionnée plus haut. Ceci fait apparaître les limites ténues et subjectives entre euthanasie et soins palliatifs. Nous nous en tiendrons à la position de l’EAPC.
PROGRES SCIENTIFIQUES.
Les progrès scientifiques constituent une autre raison de maintenir les malades en vie. Chaque jour apporte son lot de découvertes scientifiques. On ne peut donc déclarer avec certitude que ce qui est incurable aujourd’hui le sera encore demain.
Dans l’état actuel de la science, de nombreux antidouleurs associés aux soins palliatifs apportent aux malades le confort utile et nécessaire à vivre au mieux la fin de leur vie.
EUTHANASIE ET RELIGION.
La vie est un don de Dieu et l’homme n’a pas le droit de décider à quel moment, pour quelle raison et de quelle manière il peut y mettre fin. S’il agissait ainsi il se substituerait à son créateur.
Selon la religion islamique, il est interdit de donner la mort si ce n’est de bon droit, c’est-à-dire la peine de mort pour les criminels.
La religion catholique considère l’euthanasie comme immorale. Cet acte qui nuit à la dignité de l’homme ainsi qu’à Dieu est considéré comme un meurtre. « Dieu seul donne la vie et lui seul peut la reprendre. ». De plus, l’’euthanasie s’oppose complètement au sixième commandement de Dieu « Tu ne tueras point. ». Ce commandement ne permet aucune interprétation. Toute forme d’aide au suicide ou d’acte qui puisse y être assimilé est donc condamnable, sans aucune possibilité d’interprétation.
Lors de la mort par euthanasie d’Hugo Claus, Mgr Danneels a estimé « qu’en quittant de la sorte la vie, on ne répond pas aux problèmes de la souffrance et de la mort. Agir ainsi n’est pas un acte héroïque. »
Pour un croyant, tout est dit par cela.
Remarquons encore que les trois religions monothéistes, en opposition en cela avec l’EAPC, condamnent également l’interruption de l’arrêt thérapeutique. Les protestants l’autorisent si la demande du malade est justifiée et répétée.
LEGISLATIONS EUROPEENNES EN MATIERE D’EUTHANASIE.
Terminons par un extrait d’article paru sur le site internet français de Doctissimo en rappelant préalablement qu’en France, pays des droits de l’homme, l’euthanasie n’est pas autorisée.
Toutefois 88 % des Français y sont favorables dans le cas de personnes atteintes de maladies insupportables et incurables.
« Les législations européennes sont très différentes.
En 2001, les Pays-Bas ont dépénalisé l’euthanasie sous des conditions légales très strictes.
En 2002, la Belgique s’engage sur la même voie.
« Au Danemark et en Allemagne, l’arrêt des traitements pour les personnes incurables en ayant exprimé le désir est autorisé.
En Suisse, le suicide assisté par un médecin est légal et il n’est plus sanctionné en Espagne. Cette particularité suisse attire des malades étrangers souhaitant en finir.
La Norvège, la Finlande, l’Angleterre et l’Italie se sont prononcé contre l’euthanasie même si plusieurs cas n’ont pas donné lieu à des condamnations.
En Angleterre, le débat est également relancé depuis que Lord Joel Joffe, juriste et ancien défenseur des droits de l’Homme qui avait défendu Nelson Mandela, a annoncé vouloir faire entrer le suicide assisté dans le droit britannique.
Le débat avait même été amené devant la Cour européenne des droits de l’Homme en avril 2002.
Mais au-delà de cette belle unanimité déclarée, comment définir le cadre légal d’une assistance au suicide ? Comment encadrer les indications pour lesquelles un tel acte peut être envisagé ? Comment recueillir l’avis des malades incapables de s’exprimer ? Alors que la communauté médicale apparaît divisée sur le sujet, qui devra au final pratiquer l’euthanasie ?... »
Ces dernières questions, à elles seules, révèlent toute la complexité du problème de la légalisation de l’euthanasie.
Personnellement, nous sommes d’avis que sur le plan éthique, au stade de la fin de vie d’un être humain, les soins palliatifs, suivis éventuellement par l’arrêt thérapeutique, s’imposent comme étant les seuls procédés susceptibles de préserver toute la dignité du malade.
<onglet|fin>
Souris verte Répondre
deux fois pour ! on n’a pas choisi de naître, on peut choisir de mourir ...