Avec 180 nationalités représentées sur son territoire, Bruxelles est multiculturelle. Nous nous croisons dans l’espace public mais le plus souvent, nous ne nous parlons pas.
Ages et Transmissions organise des rencontres entre adultes d’origines variées en mettant l’accent sur la découverte réciproque des modes de vie, cultures, histoires.
Loin des images et discours médiatiques, si on prenait le temps pour une vraie rencontre entre Belges et personnes nouvellement arrivées en Belgique ? Pour parler des valeurs en Belgique et ailleurs, hier et aujourd’hui.
Nos objectifs
Ces rencontres s’inscrivent dans le cadre d’ateliers d’initiation à la citoyenneté visant entre autres à donner aux nouveaux résidents étrangers adultes des repères au niveau historique, institutionnel, social et culturel afin de mieux comprendre le pays d’accueil, ses normes et ses valeurs et d’y trouver leur place.
Elles s’articulent autour de 2 défis : faire l’expérience d’une rencontre humaine et constater tout ce qui nous relie. Tout en permettant d’aborder, sans tabou mais avec des outils adaptés, des sujets pouvant faire l’objet de tensions : rapports hommes/femmes, religion, éducation, relations entre générations,… Et apprendre ainsi ensemble à faire société.
« C’est en se parlant que l’on peut supprimer les idées fausses et se voir comme nous sommes : des femmes et hommes qui ont souvent les mêmes envies et les mêmes valeurs. » Danielle, senior A&T
« Le bon de nos coutumes ajouté au bon vos coutumes, peut donner quelque chose de très bon. J’ai aimé écouter « les Sages », grâce à cela je vais mieux m’intégrer. » Thierno, rwandais
Le rôle des aînés
Témoigner du pluralisme de la société belge, de son histoire et évolution, de ses défis ! Mais aussi, d’un point de vue très personnel, de ce qui est important voire essentiel dans la vie de chacun d’entre nous.
« Ce type d’échanges devrait être obligatoire pour tous, Etrangers et Belges. On apprend à dépasser nos préjugés. » Anne, senior A&T
En pratique
Ages et Transmissions collabore depuis plusieurs années avec l’asbl VIA à Schaerbeek et Molenbeek, un bureau d’accueil pour primo-arrivants. Nos rencontres, alimentées par des outils ludiques, se déroulent sur une séance dans une douzaine de groupes par an. Lorsque les participants sont anglophones ou arabophones, une traduction est prévue. Il est possible de venir juste une fois pour tester ou de façon plus fréquente.
Ce que nos rencontres apportent aux primo-arrivants
« Cela leur permet de comprendre mieux notre façon de vivre, nos valeurs, notre culture. Quand les primo-arrivants arrivent en Belgique, ils peuvent être désorientés, étonnés de découvrir notre liberté, notre égalité de traitement quels que soient le sexe, notre religion ou absence de religion, nos origines sociales,... » Danielle
« En abordant les chocs culturels, beaucoup de nos normes sociales peuvent être expliquées : pourquoi être ponctuel, pourquoi mettre les bébés à la crèche, pourquoi téléphoner avant d’aller voir quelqu’un,.... » Madeleine
« Pour moi, l’important dans ces rencontres, c’est que les primo-arrivants comprennent qu’on n’exige pas qu’ils abandonnent leurs coutumes. Et aussi que tout n’est pas arrivé tout cuit en Belgique. On est passé par des guerres et des combats sociaux pour en arriver là. C’est important d’en témoigner. » Kitty
« Les primo-arrivants ont tous pointés ces rencontres comme étant un moment très marquant de leur formation. Elles permettent aux primo-arrivants de se sentir « légitimes » en Belgique. Aussi la question de l’ouverture positive des seniors est évoquée, elle permet de « contrecarrer et de nuancer » d’autres expériences plus négatives avec d’autres belges. » Christophe, formateur Via
Ce que nos rencontres apportent aux seniors
« Je me rends compte que nous partageons souvent les mêmes valeurs mais elles ne se manifestent pas toujours de la même manière ni dans les mêmes proportions. Cela m’apprend à faire davantage attention à certaines choses quand je suis en relation avec des personnes d’autres cultures. » Michelle
« Je constate qu’il y a parfois plus de divergences d’opinions entre Belges qu’entre les primo-arrivants. Parfois, on est trop critique sur notre pays. On peut être fiers d’être Belges. Et en même temps, on gagnerait à s’inspirer de certaines des valeurs d’ailleurs, comme le sens de l’accueil et la chaleur humaine. On se plaint beaucoup en Belgique. » Patrick
« J’ai appris avec étonnement que les migrants avaient autant d’ « idées reçues » sur les belges que l’inverse… Et puis aussi qu’ils avaient beaucoup à nous apporter et à nous apprendre. J’ai admiré le courage et la force vitale qui animaient la plupart des participants. » Fabienne
Au-delà de nos rencontres
« Récemment, j’allais prendre le métro quand j’ai vu une jeune femme chargée d’un gros sac et accompagnée de deux très petites filles, genre 2 et 4 ans. Les deux petites hurlaient, complètement paniquées parce que, chargée de son gros sac, la maman ne pouvait donner la main aux deux pour s’engager sur l’escalator ou l’escalier, très raide. Elle ignorait qu’il y avait un ascenseur un peu plus loin. La jeune femme ne parlait ni le français ni l’anglais. J’ai fini par comprendre qu’elle devait se rendre à une adresse qu’elle avait sur un bout de papier. Une des petites a finalement accepté de me donner la main et j’ai pu les amener jusqu’à l’adresse mentionnée en prenant le métro. Bon, ça n’a pas changé la face du monde… mais je sais que je n’aurais pas agi ainsi avant mes rencontres VIA et Convivial. Je savais en effet, théoriquement, que la situation de migrant était difficile… mais grâce à ces rencontres c’est devenu du vécu…Et donc il m’est devenu plus facile d’aborder des personnes en difficulté comme ma petite dame (roumaine je crois) et de leur donner un coup de main, un renseignement… » Cathie