Avec dans leur sac objets et photos d’époque, les seniors se rendent en classe de 4e, 5e, et 6e primaire pour raconter leurs souvenirs d’enfance et questionner les changements de la société.

Nos objectifs

  • Transmettre aux enfants l’Histoire à travers nos propres histoires.
  • Se faire rencontrer deux générations différentes afin d’échanger sur les modes de vie et vécus liés aux différentes époques et cultures.
  • Eveiller l’esprit critique des enfants en questionnant les évolutions de la société. Démontrer que le monde change et que les enfants seront, demain, eux aussi, les acteurs du changement !

En pratique

Ces rencontres de « mémoire vivante » ont lieu dans les écoles sur 2 séances. Les élèves passent 2x2h avec 6 seniors pour explorer le passé via les témoignages des aînés, et comprendre les transformations de la société en les comparant avec leurs vécus...

Actuellement, nos animations se font sur le thème de l’école d’autrefois. Au départ d’objets-souvenirs, des photos d’époque (1960-70) et des propres souvenirs des aînés, cette animation permet d’aborder les changements de la société belge de manière ludique et adaptée aux enfants de l’école primaire.

Les filles et les garçons étaient-ils éduqués de la même manière ? Comment vivait-on sans Internet ? Les relations humaines ont-elles changées ? Les adultes étaient-ils plus sévères ? Comment étions-nous habillés ? Quelle était la place de la religion dans le quotidien ? Quelle était la valeur des objets de consommation ? etc. Toutes ces thématiques de questionnement nous donnent l’occasion d’éclairer le présent et de réfléchir au monde de demain.


S’engager comme volontaire

Le projet s’organise en deux temps. Un premier temps de préparation entre seniors et individuellement - se replonger dans ses souvenirs, réfléchir à leur pertinence et écrire son récit - et un second temps d’activités en école. Il s’agit de s’engager pour un minimum de 2 rencontres avec une classe.

Vous aimez raconter des histoires, transmettre et interagir avec les enfants ?
Vous avez quelques compétences d’animation de petits groupes ? Rejoignez notre équipe ! Contacter marie agesettransmissions.be


Archive : Retour d’expérience de bénévole

L’atelier d’Agnès : Les jeux d’extérieur

Après une présentation brève de chacun des enfants, je commence par les questionner :

  • Jouez-vous dehors et si oui êtes-vous accompagné ?
  • Jouez-vous parfois tout seul dans la rue ?
  • Connaissez-vous des voisins de votre âge avec qui vous pouvez jouer ?
  • Avez-vous fait connaissance d’enfants de votre quartier grâce aux jeux ?

Suivant les différentes réponses, je continue en leur expliquant la façon dont moi je jouais à l’extérieur.

La maison de mes parents n’avait qu’un petit jardinet et pas de parc aux environs. Pendant les vacances et le week-end, nous allions chercher les voisins et voisines présents et nous jouions dans la rue quand il faisait beau. La circulation n’était pas aussi importante que maintenant et donc le jeu ne posait aucun de problème.

Pour rendre mon témoignage plus concret, j’ai sélectionné toute une série d’images représentant des jeux d’extérieur que je connaissais bien pour les avoir pratiqués très souvent dans mon enfance. Je les avais imprimé en format A4 et fait plastifier pour faciliter l’échange des images.

Les jeux sélectionnés étaient : Les patins à roulettes, le pogostick ou bâton sauteur, le vélo, la trottinette, le jokari, la corde à sauter, la marelle, le yoyo et la toupie

Les enfants doivent reconnaître les jeux anciens et ensuite je leur montre la version actuelle de ces mêmes jeux. Ensemble, on compare : qu’est ce qui est resté identique, qu’est ce qui a changé ?

Je leur explique entre autres que les jeux de l’époque devaient être solides car on se les transmettait entre frères et sœurs. La surconsommation des jeux n’existait pas et nous devions faire attention de ne pas les casser ou les endommager car leur remplacement était rare.

J’apporte également quelques toupies miniatures actuelles.
Elles remportaient un franc succès tant il est vrai que les enfants n’ont plus l’habitude des jeux simples...

L’atelier de Marie : Les outils de cuisine anciens

Je m’appelle Marie, et vous comment vous appelez-vous ? Je vais aujourd’hui vous parler d’objets spéciaux, des objets bizarres que l’on utilisait autrefois.

Je leur montre un moulin à viande, un rape pomme et un passe-vite. Qu’est ce que c’est ? A quoi cela sert-il à votre avis ? Est-ce que quelqu’un a un instrument comme ça chez lui ?

Les réponses sont variées ! Pourtant les enfants en regardant bien, précisent leur pensée et se rapprochent de l’utilité des instruments… ils posent parfois beaucoup de questions, parfois moins. Pour le moulin à viande et le rape-pommes, personne n’a trouvé de quoi il s’agissait. Par contre, certains on vu des passe-vite chez leurs grands-parents. Je leur explique que ma maman utilisait ces instruments il y a 70 ans ! Elle employait par exemple ce moulin à viande pour préparer un plat avec les restants de viande ou faire un pâté.

Ma maman restait longtemps dans la cuisine car il n’y avait pas de plats surgelés ni de plats tout faits ! Le soir on mangeait un plat préparé avec les restes du midi. Ma maman disait « on ne jette rien et surtout pas le pain ! » alors nous le toastions ou en faisions des pains perdus. Puis je leur demande : Comment fait-on chez vous ? Prépare t’on aussi des plats avec les restes des autres repas ? Souvent ils me répondent que chez eux aussi on mange les restes…

Ensuite j’aborde les repas du midi et leur demande : qui rentre manger chez lui à midi ? à mon époque, on ne mangeait pas à l’école… On rentrait manger à la maison, maman avait fait à manger. Tous les midis je rentrais chez moi, juste le temps de faire pipi, de boire la soupe et de manger qu’il était temps de repartir !

Ma maman faisait les courses tous les jours. Il n’y avait pas de supermarché, et donc pas beaucoup de choix. On n’avait pas de grands frigos non plus. On appelait ça des « glacières » car elles marchaient avec de la glace apportée à la maison.

Le jeudi, on allait chez ma grand-mère, Grand Mamy on l’appelait, on avait le temps comme on n’avait pas autant d’activités qu’aujourd’hui ! Ce qu’on faisait ? On jouait dans le jardin !

Je leur explique qu’à mon époque, on transformait les aliments à la maison. On avait des instruments pour le faire, mais à la main. Ça prenait plus de temps. Aujourd’hui, tout va plus vite ! On peut acheter des plats tout faits dans les supermarchés, il ne faut même plus cuisiner !

Je termine en leur demandant : A votre avis, c’était mieux il y a 70 ans ou maintenant ?
Il y a 70 ans, on avait beaucoup plus le temps… on mangeait plus sain et sans conservateur. On mangeait plus frais et on polluait mois. Par exemple, on n’utilisait pas de plastique mais bien des papiers journaux pour emballer les aliments. On gaspillait moins et on mangeait les restes ! Par contre aujourd’hui, il y a beaucoup plus de choix et tout va beaucoup plus vite. Les supermarchés permettent de faire nos courses de façon très rapide ! Cela a permis aux femmes de travailler et de se détacher des tâches domestiques… Par contre, il y a les repas devant la TV ! Je termine en leur expliquant que l’on peut éviter la surconsommation et les effets néfastes de la mondialisation en achetant des fruits et légumes de saison et belge par exemple…

L’atelier d’Anne : Les jouets de mon enfance

Aujourd’hui je conduis Anne dans une école à Wezembeek.
Elle va montrer aux enfants des vieux jouets et des ustensiles de notre enfance, une centaine d’objets divers qu’elle rassemble dans un énorme sac de voyage.
D’habitude ma mission, c’est de charger ce lourd fardeau dans notre voiture et de le transporter jusqu’à l’école concernée. Mais aujourd’hui, faveur suprême, je peux assister à cette rencontre. Je ne vais pas le regretter.

Notre visite est annoncée, car quelques élèves nous attendent à l’entrée. Ils nous aident à traverser la cour où se bousculent ceux et celles qui courent pour ne pas être en retard. Nous voilà dans leur classe. L’institutrice nous accueille avec le sourire et le directeur ne tarde pas à nous rejoindre, il s’est muni d’un appareil de photo, pour la circonstance. La rencontre des jouets du passé avec les écoliers d’aujourd’hui peut commencer.

Anne se présente aux enfants et bien vite elle ouvre le grand sac et leur dit : Il y a ici dedans beaucoup de jouets anciens, vous aurez tous l’occasion d’en choisir un, les plus lourds sont au fond, qui veut choisir un premier objet ?
Quelques gamins, moins intimidés sans doute, lèvent la main. Anne en désigne un qui plonge la main dans le sac et en retire un vieux réveil matin, sorti de sa boîte.

Anne demande à la cantonade : Comment s’appelle cet objet, à quoi sert-il ? La plupart des enfants répondent bien à cette première question. Comment le fait-on fonctionner ? Les réponses se font plus rares.
Encouragé par Anne, un enfant tente de remonter le ressort qui fait tourner les aiguilles. Le tic-tac se fait entendre haut et fort, il me rappelle celui qui m’empêchait parfois de m’endormir quand j’étais petit. Mais comment sonnera-t-il ce réveil et à quelle heure ? Quelque chose ne marche pas, ce réveil serait-il cassé ? Un peu déçue, Anne me tend l’objet en disant : mon mari va nous réparer ça ! Ensuite, elle invite une petite fille à faire un nouveau choix.

Il s’agit cette fois d’un nécessaire de couture. Peu d’enfants savent à quoi il sert et, moins encore, comment on s’en sert. N’y aurait-il plus de cours de couture ici ? Anne me dire plus tard que dans d’autres écoles, certains enfants ont une grand-mère qui coud ou tricote encore, mais ici…

Et pendant que je tente de réparer ce maudit réveil, le grand sac se vide petit à petit. Sur la grande table, les élèves ont, tour à tour, déposé une poupée en celluloïd, un ours en peluche, des vieux livres d’images, de petites autos et autres jouets miniatures en fer blanc, un jeu de construction qui ressemble au Lego, une dînette en porcelaine, un puzzle, un jeu de loto, des dominos, des soldats de plomb, des marionnettes en bois et même un moulin à café.

Le moulin intrigue ces enfants du 21ème siècle pour lesquels le café est une poudre mystérieuse que l’on achète en petites capsules métalliques, comme celles dont Georges Clooney fait la publicité à la télé (Nespresso, what else ?). Anne ayant déploré le manque de café en grain lors d’une séance précédente, l’institutrice en a trouvé un paquet cette fois. Les enfants découvrent donc avec surprise à quoi sert cet ustensile si longtemps utilisé jadis. Ils veulent tous l’essayer, quand tout à coup…

…drrrrrrrrrrrrring, mon doigt a dû actionner le bon levier, le réveil fonctionne alors qu’on ne l’attendait plus ! Les enfants sont pris d’un énorme fou-rire, nous rions avec eux, cela me rappelle les bons tours que l’on se jouait avec cet objet familier quand nous avions leur âge. N’est-ce pas ce qu’il y a de plus intéressant dans tous ces vieux objets, ne sont-ils pas comme des machines à remonter le temps ?

Si je retrouvais ma grande boîte de Meccano par exemple, celle que j’ai reçue pour mes 10 ans, je retrouverais peut-être avec mes petits enfants le plaisir d’assembler patiemment au moyen de vis et d’écrous ces éléments perforés pour réaliser un camion, une grue ou une locomotive. Comme dans le réveil à l’école, c’est un ressort relié aux roues par un jeu d’engrenages ou de poulies qui, une fois remonté, animait ces montages. Nous n’attendions pas l’électricité pour être heureux.