Il est 22h45.

J’ai fermé la TV, j’ai bien aimé le programme choisi, une comédie sans prétention mais bien enlevée et agréable à regarder.

Il est l’heure de me coucher, en attendant que le sommeil vienne, je pense à ce que je ferai demain. Je ne puis empêcher ma pensée de vagabonder, et si la prochaine aurore ne se levait pas ? Si ce n’est demain ce sera un autre jour, dans une semaine, un mois, une année peut-être plus, mais l’instant viendra, celui de la finitude. Comme tout être humain, j’ai cette angoisse de savoir qu’un jour ma vie s’arrêtera. Mais au fur et à mesure que, dans mon existence, les décades ont succédé aux décades il me semble que l’angoisse s’est amenuisée. Ainsi le grand âge aidant, j’attends, sans grande appréhension la fin du parcours que je souhaiterais paisible. Je trouverais inique de devoir souffrir pour mourir alors que les souffrances peuvent être abrégées même si pour cela il faut avoir recours à l’euthanasie.

Je puis comprendre que, pour certains, le « moi » étant tellement incrusté dans le subconscient qu’il parait jouir d’une vie propre et qu’il leur impossible de concevoir son annihilation ; aussi imaginent-ils une âme qui survivrait indépendant du corps, porteuse de vie éternelle et même de réincarnation.

La mort survenue, je ne crois pas à l’au-delà. Mon « moi » disparaîtra à jamais. Croyez que je le regrette …

Cette entité fabuleuse qu’est le corps humain va se dissocier et se réduire en ses plus simples composants : particules, atomes, neutrons, ions et autres poussières d’étoiles qui se disperseront mais feront toujours partie de l’univers.

De mon passage sur terre il restera des souvenirs pour mes proches et de temps en temps ils me reverront dans leurs rêves. Le temps passant les générations se succédant, les souvenirs s’effaceront, et je deviendrai un nom et une date d’un arbre généalogique dont on se demandera …. Mais qui était-il ?

Et pourtant !

De mon corps il restera une parcelle d’éternité qui appartiendra toujours au monde du vivant ; ce sont les gènes que j’ai reçus de mes ascendants, dont j’ai été le dépositaire et que j’ai transmis à mes descendants pour que ceux-ci continuent l’aventure humaine.

Je me suis endormi.
J’ai rêvé.
L’aurore s’est levée sur un autre matin.

Il est 7H30.

3 commentaires Répondre

  • Lucienne E. Répondre

    Cette chronique m’inspire ...

    "Et si l’âge avancé était une opportunité d’une nouvelle naissance ?
    Cette fois avec de beaux cadeaux dans le berceau. Il y a un paramètre
    qu’on ne peut évidemment contrôlé : la santé physique. Il faut faire
    avec, du mieux possible. Mais je pense qu’un regard positif sur la vie
    en général peut en adoucir les contours. Que faire de toutes ces années
    à venir dont on ne connait évidemment par l’échéance ? Quels nouveaux
    outils avons-nous pour avancer ? Fouillons dans les "cadeaux" cachés au
    fond du berceau.
    Déjà, vivre un jour à la fois le plus présent possible à soi-même, en
    savourant les moments heureux au maximum, en acceptant les moins bons,
    en transformant les regrets et remords en souvenirs. Nous n’avons plus
    rien à prouver, si ce n’est notre capacité d’optimiser chaque instant
    comme si c’était le dernier. On peut compter sur l’expérience acquise à
    travers les hauts et les bas de notre parcours, une humilité, une
    sagesse. Bien sûr des erreurs furent commises, mais on apprend bien plus
    de ses échecs que de ses succès et nous ne sommes toutefois que des
    êtres humains heureusement perfectibles.L’orgueil ? Mieux vaut s’y
    asseoir, ranger la vanité au placard, retrouver un certain humour, un
    peu de dérision face à la vanité des choses. Voilà pas mal d’énergie
    récupérée pour s’occuper de soi, ouvrir son horizon, se tourner vers les
    autres. Si la santé le permet, s’investir dans un bénévolat nous donne
    le sentiment d’être utile, structure le temps, réchauffe le coeur à
    travers le retour affectif exprimé par les personnes aidées. On peut
    gérer tout cela à son rythme, sans stress. Il existe maintenant un temps
    pour "prendre son temps", on peut choisir. Laisser des espaces ouverts à
    de nouvelles possibilités pour partager, apprendre, s’investir,
    créer...La mort qui fait peur est évidemment au bout du chemin. Il me
    semble qu’une vie bien remplie, constructive jusqu’au bout nous verra
    appréhender ces moments avec plus de sérénité. Peut-être serons-nous
    finalement bien fatigués et l’idée de "déposer les armes" sera-t-elle
    bienvenue ?"

  • Répondre

    Quelle extraordinaire leçon de vie, de sérénité et d’optimisme pour ceux qui sont encore dans leur première re-traite ! Cette chronique peut aussi éclairer tous ceux qui voient leurs parents ou grands parents avancer en âge. A chaque période, sa densité et sa spécificité mais une constante : chacun est l’architecte de son quotidien, de son avenir et de son bonheur, à travers l’épreuve, la solitude et même, dans la perspective consciente de la finitude.
    J’aimerais posséder cette chronique(les 7) d’un jour en un texte continu. Merci pour cette chronique et cette réflexion qui m’inspire un profond respect. Mrub

  • anne-marie f. Répondre

    merci Jean pour cette chronique d’hiver.C’est sage et reposant . et puis ça aide aussi.
    mais pourquoi pas quelques journées d’été ? Ca me plairait moi, de savoir comment tu vis ces journées là, plus chaudes , où on a plus envie de sortir même si c’est difficile. As-tu un parc à proximité ? t’y promènes-tu ? as-tu parfois envie de sortir plus loin ?
    Il est vrai que tu as beaucoup d’activités et d’intérets à l’intérieur , mais encore ?
    Connais-tu la soupe aux concombres ? et celle aux courgettes et petit chalet ?
    je t’embrasse. anne-marie f.

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