Ages et transmissions

Je suis née en 1947. Quand j’avais 3-4 ans, mes parents ont divorcé. Dans ma classe, les petites filles avaient un papa et une maman, je ne me sentais pas comme les autres.

Ma mère travaillait et, pendant les grandes vacances, j’allais chez mon arrière-grand-mère qui habitait à Manage. J’y suis allée jusqu’à mes 18 ans, en train. J’en ai de bons souvenirs. Je m’ennuyais un peu car je n’avais pas d’autres enfants avec qui jouer. Mon arrière-grand-mère était une Flamande qui vivait en Wallonie. Elle était très économe, elle avait vécu 2 guerres. Elle avait un petit jardin, j’y jouais et elle cultivait des légumes. Elle faisait du crochet, elle me tricotait des pulls, des chaussettes. Elle détricotait 2 pulls pour en faire un nouveau. On ne jetait rien. Elle vivait à l’ancienne, elle repassait le linge avec un fer à braises. Elle économisait la lumière, le café était moulu à la main. Quand elle a reçu un moulin électrique, elle le rangeait chaque fois qu’elle l’avait utilisé dans la boite d’origine.

J’ai gardé de mon arrière- grand-mère cette habitude d’éviter le gaspillage.

Mon arrière-grand-mère était superstitieuse. Elle faisait une croix avec le couteau sur le pain avant de le couper. On allait chez elle à la nouvelle année pour le réveillon et il fallait manger du chou blanc. Cela allait nous protéger des soucis financiers pendant l’année. Elle voulait qu’à minuit ce soit un homme qui lui souhaite le premier les vœux car cela lui porterait bonheur. Et les cadeaux c’était la plupart du temps un flacon d’eau de Cologne qu’elle allait acheter à la Louvière chez Nopri ou Priba.

Le plus beau cadeau que j’ai reçu à la maison ? C’était quand j’avais 12 ans. En revenant de l’école, je passais devant la vitrine de la papeterie et rêvais tous les jours devant une grande boite de 30 crayons de couleurs de la marque Caran d’Ache, des crayons avec lesquels on peut peindre. Sur le couvercle de la boite, il y avait la photo du mont Cervin, ce qui m’a toujours attirée. A la Saint-Nicolas, j’ai finalement reçu la boite de crayons de couleurs. Ce n’était pas n’importe quelle boite, elle coûtait très cher. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. Et à 30 ans, je suis allée au mont Cervin !