Extrait de "Je raconte ma vie" dans un groupe interculturel à la Fonderie en 2018.

Suite à l’insurrection de Budapest, en 1956, Elisabeth, 8 ans, quitte sa Hongrie natale pour venir vivre en Belgique. Quelques années plus tard, elle y deviendra, animatrice pastorale.

Animatrice pastorale

« A l’école, je voyais les religieuses. Il y avait aussi des prêtres et de temps en temps, un missionnaire qui venait pour parler de son travail dans ces pays qui avaient besoin d’aide. Et je me suis dit que je voulais faire la même chose et m’engager dans l’humanitaire. »

« Je suis tombée sur une formation qui me convenait, même si je ne savais pas encore très bien de quoi il s’agissait. C’était une formation pastorale pour travailler dans une paroisse, porter une co-responsabilité avec les prêtres. C’était quelque chose de nouveau. »

« Au milieu de la rue Neuve, à Bruxelles, se trouve l’église du Finistère, qui est un endroit de grand passage, dont la porte est toujours ouverte. J’ai travaillé là les vingt-cinq ou vingt-six dernières années de ma vie active et je m’y suis éclatée. J’ai donné le meilleur de moi-même dans ce travail. Mes collègues étaient en grande partie des prêtres. L’accueil y était très important. Beaucoup de monde entre dans cette église. A l’entrée, il y avait deux bureaux. D’un côté, il y avait des prêtres toute la journée. Ils recevaient les gens pour discuter ou pour se confesser. Et de l’autre côté, il y avait le deuxième bureau avec une personne qui faisait l’accueil. C’était l’une de mes tâches. C’était un travail relationnel. Nous étions deux permanents temps plein. Notre travail, c’était ouvrir et fermer l’église, s’occuper des bougies matin et soir… Pour moi, il y avait cinq heures par jour d’accueil, dans ce bureau. Les gens qui souffraient de solitude savaient qu’ils pouvaient y trouver quelqu’un. Les Musulmans, par exemple, venaient parfois prier dans l’église. Nous avions aussi beaucoup de cas sociaux. Dans la salle paroissiale de l’église, on nourrit cent cinquante personnes chaque jour. Des SDF venaient s’abriter. Nous avions aussi des touristes. Il fallait accueillir les prêtres qui venaient. Il fallait veiller à ce que les trois messes puissent se faire normalement. Il faut les préparer ces messes, trouver quelqu’un qui fasse la lecture, s’occuper de l’organiste, du groupe liturgique… Il y avait des réunions avec douze églises du centre de Bruxelles. On gérait un peu tout cet ensemble de choses. Il y avait aussi beaucoup de chorales qui se présentaient à l’église, sur demande ou pas. Elles cherchaient des endroits où chanter. »

« Pour moi, l’église était une deuxième famille. J’étais engagée par la fabrique d’églises. Mon métier était donc animatrice pastorale. C’était un milieu très masculin. L’Eglise doit encore se féminiser, dans beaucoup de domaines. »

Ce en quoi je crois

« Je voudrais dire que la grande différence entre la religion de mes parents et ce que j’ai entendu jusqu’à présent, c’est que nous venons d’un pays, la Hongrie, où la religion n’était tout doucement plus permise. Le communisme dit que les religions, c’est de l’invention humaine et ça n’existe pas. La religion du communisme, c’est croire dans le parti et dans ceux qui le dirigent. Petit à petit, mes parents ont vécu ça et nous sommes partis parce que mes parents ne voulaient pas qu’on continue à vivre ça et que finalement, nous ne puissions plus vivre notre religion. »

« J’avais quinze ou seize ans. J’ai commencé à vivre un contact vraiment personnel avec Dieu et je lui ai dit que je le choisissais comme compagnon de vie. J’ai choisi de suivre des cours de théologie, de pastorale, de catéchèse, de philosophie pour pouvoir motiver et connaître le contenu de ma foi. J’ai compris que je ne pouvais pas vivre une relation avec Dieu en ignorant la relation avec les autres. »

« Ma foi me donne une liberté immense. Mais pas la liberté de faire n’importe quoi. Chacun de nous mérite la liberté. Je peux renoncer à moi-même pour permettre que l’autre puisse aussi être libre. »

« Nous sommes tous en cheminement dans notre foi. Si on respecte le fait que chacun chemine différemment, alors ça va. Mais si on veut à tout prix imposer un comportement, on ne se comprend plus. »

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