Ages et transmissions

Des aînés, tisseurs de solidarité entre générations et cultures

Accueil > ... > Forum 766

"Le théâtre de l’absurde" : Mon service militaire en 1970 par Paul F.

29 mai 2007, 15:09, par Jean Nicaise

N’avez-vous pas un peu exagéré, par antimilitarisme foncier ? J’ai été appelé au service militaire le 8 mai 1945. Oui ! le jour de la capitulation allemande, neuf mois après la Libération ! J’étais en dernière licence de philosophie et lettres. Milicien, j’ai fait « fonction de caporal ». Mon bataillon a fait son entraînement en Irlande du Nord, à la Britannique.
Je n’ai rencontré qu’un imbécile parmi les sous-officiers. Il est vrai que la plupart des cadres étaient des réservistes rappelés. J’ai évidemment connu des épreuves, des ordres incongrus, un inconfort spartiate étant donné les circonstances, un long exil éprouvant pour beucoup, mais en général cela s’est passé entre gens de bonne compagnie. Je vous conte ci-dessous le début de mes aventures qui inaugurait mal de la suite. C’est un extrait de mon livre « L’étudiant chahuté » publié en 2006. Je dois me contenter d’un court extrait car le copyright appartient, comme c’est normal, à mon éditeur « Memogrames », de Bruxelles.

« Le 8 mai 1945, tandis que des bals spontanés s’ouvraient partout à l’annonce de la capitulation de l’Allemagne, je rejoignais Fleurus avec un ordre de mobilisation en poche. Le train spécial qui emmenait les recrues était composé de vieux wagons en bois dont toutes les vitres avaient disparu. Heureusement, il faisait doux.
A Fleurus, pas de caserne. L’armée avait fait appel aux familles pour qu’elles offrent un gîte provisoire aux futurs soldats. La maison qui m’a été assignée acceptait deux hommes. J’avais rencontré un ancien condisciple de l’école de la Villette. Nous avons décidé de faire équipe. Il vaut mieux se connaître un peu avant de... coucher ensemble. Car, c’est ce que nous avons dû subir ! Dormir dans le seul lit offert généreusement par notre hôte pour deux soldats ! Pas vraiment confortable la première nuit sous les drapeaux. Je passerais les suivantes, clandestinement, à Mont-sur-Marchienne, chez mes parents.
A l’examen médical, le major a [...] découvert la trace de l’opération que j’avais subie à onze ans.
 Ça ne vous empêche pas de courir, de sauter ?
 Pas du tout, mon Major.
 Vous tenez à faire votre service militaire ?
 J’y tiens.
Je tenais d’autant plus à rester que la nouvelle que nous serions envoyés en Irlande se précisait. Un séjour gratuit au pays de James Joyce et de Bernard Shaw, quelle aubaine ! Quelle chance de pouvoir, enfin, exercer mon anglais livresque !
La prise en main par les sous-officiers se faisait dans la cour d’une école désaffectée. Le commandant de la compagnie était un lieutenant de réserve, appelé Legrain, professeur à Chimay. J’étais le seul universitaire. Il m’a offert de travailler au bureau. J’ai décliné. Je n’avais aucune envie de me retrouver confiné devant des papiers. J’en noircissais suffisamment dans le civil. Me souriaient davantage les exercices physiques en plein air.
Ils ont commencé aussitôt après les premières instructions : les grades, les devoirs du soldat, le code militaire, etc.. Pas de caserne, non plus d’uniforme. Nos pauvres costumes de pénurie vestimentaire, nos chaussures de carton ont perdu rapidement toute dignité. »

J’ai passé 5 mois en Irlande. Après un séjour d’une semaine à Belfast comme interprète, j’ai eu la chance d’être renvoyé en Belgique, en pleine forme, pour terminer mes études.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

s’inscriremot de passe oublié ?