Ages et transmissions

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Organiser son malheur de manière convenable par Pierre Rivir

16 février 2007, 19:05, par Yaël

Bon j’avoue : mon coeur balance entre les réponses.
Très spontanément, je serais plutôt du côté de Pierre... pour l’avoir également vécu (et sans parents riches, cher Fernand)... et pas dans un réseau d’amis "pauvres" aussi... d’ailleurs si j’avais eu ce fameux réseau d’amis, j’aurais certainement opté pour ce Paradis un peu plus longtemps. Mais comme le dit Fernand, la pauvreté à long terme ça mine sérieusement le moral... surtout quand on est seul (dixit Pierre). Non pas qu’on soit malheureux de ne pas avoir ce qu’a le voisin (de ça je m’en fiche) mais plutôt d’être toujours le marginalisé de l’histoire, évalué comme une potiche ordinaire qui fait un peu pitié, qui certainement "va s’en sortir" mais qui est catastrophiquement idéaliste (c’est à dire n’a pas le sens des réalités), artiste raté (c’est à dire qui a mal évalué son plan de carrière), irresponsable (qui ne comprend toujours pas qu’il faut "rentrer dans le système") ou sangsue (qui vit sur le compte des travailleurs). La pauvreté n’a pas bonne presse - sauf peut-être si on est un banlieusard révolté et qu’on crache sa rage à la g... du monde. Pourtant, comme le dit Pierre, le manque d’argent peut dans certains cas rendre inventif, poète, léger mais aussi solidaire, débrouillard ou tout simplement "heureux".
Dans certains cas... Evidemment, si on a une famille, si on veut un toit solide pour longtemps, si on cherche à s’épanouir dans la société de consommation ou plus simplement à être en sécurité, la pauvreté n’est certainement pas une position confortable : dès que les charges de le vie s’alourdissent, l’argent est indispensable.
Mais, comme le dit encore Pierre, ça ne rend pas plus heureux. Ne pas gagner sa vie, ne pas s’impliquer totalement dans le système du travail est plus épanouissant pour des individus en quête de liberté. Le prix ? Une forme de pauvreté matérielle mille fois compensée par d’autres richesses (le temps d’avoir le temps, notemment).
Mais je pense que ce modèle n’est viable que pour des individus qui vivent plus ou moins en communauté, qui n’ont pas d’autres prétentions que celle de vivre au gré du vent et que ne se sentent pas concernés par les valeurs matérialistes de notre société.
L’argent est au coeur du fonctionnement sociétale. Avoir ou ne pas avoir sont réellement des références pour la plupart des individus (il suffit devoir comment sont considérés les chômeurs).
Je ne crois que pas que l’argent fasse le bonheur, je ne crois pas que la pauvreté soit signe de malheur non plus.
Je pense que l’argent fait partie des moyens pour s’intégrer dans une société qui a défini l’argent depuis longtemps comme une "valeur" - avoir de l’argent, c’est aussi pouvoir être reconnu par ses pairs comme quelqu’un qui a "réussi", qui "est responsable", qui est donc "heureux".
Tout est question d’image de nouveau. Image qui quelques fois pousse la société à ne valoriser que certains comportements, dont celui de l’enrichissement matériel aux dépense d’autres types d’enrichissement.

Ce que je viens de dire ne vaut que pour des individus qui peuvent faire le choix entre "être pauvre" ou "être riche".
Celui qui est né dans une famille pauvre et qui à cause de sa précarité ne peut pas faire d’étude ou ne peut pas avoir accès à certains loisirs ou services, a bien sûr comme unique solution de "faire de l’argent" pour s’en sortir. La société (malgré tout son sytème d’assistance "aux démunis") ne serait donc pas conçue pour les "pauvres".... à méditer...

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