Adolescente, dès le réveil, j’avais l’habitude de lire goulûment. Je rouvrais avec avidité le livre que j’avais fermé la veille, une seconde avant de m’endormir. Je n’imaginais pas autre chose comme état suprême de bonheur. Un livre dont on ne quitte jamais les pages. Ma vie d’adulte devait prendre l’allure d’une immense librairie que j’aurais achetée d’un coup, avec la vitrine, la caisse enregistreuse, la machine à café et les rayonnages vertigineux. Je m’y voyais enfermée avec autour de moi des murs entiers de tranches cartonnées et l’exaltation de pouvoir les ouvrir toutes à la fois.

Aujourd’hui, dès le réveil, je rampe jusqu’à l’horloge, je regarde avec amertume mon livre de la veille, je sais qu’on ne pourra pas se rejoindre avant le métro. Je sais que notre relation sera fragile, entrecoupée de bruits et d’urgences. Etrange sentiment de trahison. Mon rêve d’adolescente s’est mué en fantasme d’adulte. Alors quand je passe devant une librairie, c’est plus fort que moi, il faut que j’y entre. Avec le plaisir intense de pouvoir glisser mes mains sur les tranches cartonnées, sur "mes" tranches cartonnées...

1 commentaire Répondre

  • ptit virus Répondre

    Tout d’abord bonjour Yaël
    Moi c’est pareil, quand on est petite on est pressés de devenir des adultes mais les années passent vite trop vite et nous voilà confrontés au dur réalités de la vie.
    Mais bon malgré tout ,les joies que la vie nous apporte nous fait oublier quelques fois tout nos tracas

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