Les troupes allemandes sont à peine chassées de Bruxelles qu’une autre épreuve m’attend : la rentrée en première année primaire.
Quoi de plus banal pour un enfant ! C’est la logique des choses. Mais le repli sur soi cultivé durant la guerre a renforcé le cordon ombilical qui me relie à ma mère.
Vers quelle école me diriger ? Mes parents me choisissent une école privée proche de notre maison, réputée pour son sérieux, mais aussi pour sa pédagogie moderne.
Maman ne travaille pas, expression consacrée pour la femme à la maison, la génération de mon père n’aurait pu concevoir qu’elle travaillât, ira me conduire deux fois par jour dans ce havre de paix.
Mon père admire la directrice pour son courage durant la guerre. N’a-t-elle pas caché au risque de sa vie plusieurs enfants juifs ? Donc, elle doit être un bon chef d’école.
Une école privée ! Quel luxe !
Mais mes parents ne semblent pas se préoccuper du coût alors que la guerre a entamé largement leurs revenus.
Quel paradis ! L’entrée de l’école débouche sur une grande cour où des oies cacardent avec joie.
Je me souviens de mon école comme d’un lieu de bonheur, de camaraderie, de gentillesse, de relation étroite avec notre maîtresse. Un lieu d’épanouissement rare à cette époque.
Mais la libération de Bruxelles ne signifie pas l’abondance et l’école doit suspendre les cours à la fin de 1944 en raison d’une pénurie de charbon.
Les semaines passent dans l’attente d’une rentrée prochaine.
Finalement, mes parents reçoivent une lettre signalant que les cours débuteront le 12 février 1945.
L’occupation est terminée dans notre région, mais les horreurs de la guerre ne sont pas exclues de notre vie quotidienne. L’arme machiavélique mise au point par les scientifiques allemands, le V1 et ensuite la fusée V2, frappe à l’aveugle. Hitler s’acharne sur Anvers, Liège et… Bruxelles.
Le V1 ronronne au-dessus de nos têtes comme une machine à vapeur souffreteuse. Ouf ! Il est passé ; il ne tombera pas sur notre quartier. Mais lorsque le bruit du moteur s’arrête, sa chute est inévitable. Il pique vers le sol au hasard, tuant des civils déjà épuisés par les années d’occupation et par la peur.

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Pour moi, devenu un peu insouciant, la nouvelle de la rentrée des classes offre une perspective heureuse : retrouver les copains, l’institutrice bienveillante, les animaux. Mon école est un peu vétuste mais chaleureuse.
Maman et moi préparons les fines touches grises qui se cassent au moindre choc, un ou deux crayons noirs dont on aiguise les pointes avec un couteau. Les crayons de couleur coûtent trop. Les cahiers aux feuillets grisâtres boivent l’encre trop fluide. Quelques plumes ballons, une ardoise noire bien nettoyée, qui n’est ardoise que de nom puisqu’il s’agit d’un vulgaire carton recouvert d’une feuille dure, imitation d’une vraie ardoise en schiste. Enfin une éponge difforme qui perd quelques fibrilles à chaque nettoyage. Ah oui ! Ne pas oublier le petit pot hermétique rempli d’eau à remplacer chaque jour pour y tremper l’éponge nettoyeuse.
Enfin, mon cartable en cuir, celui que ma sœur a utilisé sept années durant, servira à transporter mes livres et mes cahiers. Je l’aime. Je veux qu’il me suive partout.

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Le soir, nous continuons à occulter les fenêtres par crainte d’un raid aérien. La nuit, nous essayons de dormir dans un abri de fortune situé dans la cave, cette fois débarrassée de ses rats, mais qui pue parfois les égouts.
Notre maison est en partie réquisitionnée pour quelques jours. Un sous-officier canadien qui ne parle que l’anglais dormira à l’étage.
Le 11 février 1945, vers onze heures du soir, nous sommes réveillés par un vacarme effrayant. Notre maison tremble sous l’onde de choc. Les vitres se brisent. Mon père constate les dégâts. Notre soldat dort à poings fermés par une température de quelques degrés ; les vitres de la chambre ont disparu. Nous apprendrons qu’il est artilleur, donc un peu sourd.
Cette nuit là, nous ne dormons presque pas.
La vie doit reprendre son cours. Je me lave, le cœur un peu serré, lorsque ma mère entre dans la salle de bain. Son visage est livide. Je crois qu’elle va s’évanouir. Elle m’annonce la nouvelle avec brutalité :
 Ton école a été complètement détruite hier soir par un V1.

 Je veux aller voir !
Un amas de gravats, plus rien ne reste debout, à l’exception du magnifique marronnier ravagé qui offrait son ombre au centre de la cour de récréation.
Mon père m’accompagne car il a peur que je ne subisse un choc.
 Où est mon institutrice ? Où est ma directrice ?
C’est la première fois que la mort s’approche autant de moi. Mon institutrice vient à notre rencontre. Ouf ! Quel soulagement !
Ma directrice a été tuée avec le personnel et quelques malheureux compagnons de jeux rentrés la veille à l’internat. Presque tous fauchés par cette horrible machine de guerre qu’est le V1.Par miracle, lors de l’explosion, une petite fille a été projetée hors de son lit et a atterri dans les branches de « notre » marronnier. Elle en est sortie indemne.
Le quartier est dévasté. La population est atterrée. Plus d’école. Que va-t-il nous arriver ?
La nouvelle direction veut organiser les cours le plus vite possible. Quel chaos ! Heureusement, je sais lire et un peu calculer. Si les cours sont interrompus, mon avance fondra mais je n’accuserai aucun retard.
Une nouvelle organisation des leçons est mise en place : la classe est divisée en deux ; nous irons suivre les cours au domicile de notre maîtresse la matinée, un jour sur deux. Elle habite à la rue du Japon, vite rebaptisée rue Mac Arthur en l’honneur du grand général américain. Il faut effacer toutes traces sinistres de la guerre.
Que va devenir mon école ?
Pour mon père, chaos et éducation ne font pas bon ménage. Le bonheur de la paix retrouvée ne lui suffit pas ; l’instruction représente l’avenir de son fils. Il ne veut pas prendre le moindre risque. Les consultations vont bon train. J’écoute, mais je ne participe à rien ; normal pour un enfant. Pourquoi demander quelque chose à un enfant qui n’a pas encore atteint l’âge de raison ? Ma sœur, de sept ans mon aînée, pèse fort sur la décision définitive. Son expérience à l’école des sœurs s’est avéré catastrophique. Elle déteste tout ce qui a trait à la religion. A Tirlemont, la directrice a accepté le diktat des milices flamandes : la classe est divisée en deux groupes : les élèves flamands et les francophones. Interdiction est donnée d’autoriser tout échange entre les deux parties de la classe. Ma sœur est destinée naturellement à devenir une épouse dévouée à ses enfants. Aussi, l’oblige-t-on à travailler de ses mains. Elle se rebiffe. Or comme le bonheur d’une femme passe par les travaux d’aiguille... Son ambition est autre. Mon père suit les avis de ma sœur. Rien de tel qu’une école publique pour me former. Le choix tombe sur une école proche de la maison, triste bâtiment, espèce de prison qui me marquera pour la vie.
Deux immeubles carrés, un pour chaque sexe. Les filles à gauche, les garçons à droite. Aucun contact possible. Une cours de récréation austère avec des plates-bandes où quelques buissons donnent un peu d’espoir mais résistent mal aux agression des garçons turbulents.
Le règlement.
La cour est divisée en deux parties ; la gauche en sortant du hall est réservé aux petits des trois premières années du primaire, la droite aux autres. Tout dépassement de la ligne presque effacée par les passages répétés des écoliers est sanctionné par une punition. Les dalles de béton grisâtre arrachent la peau des genoux à chaque chute. Les miens sont couverts en permanence de belles croûtes brunes. Je suis petit donc souvent bousculé par mes copains, la plupart de mes camarades sont plus âgés que moi, la guerre ne leur a pas permis une scolarité régulière.
La course est le seul défoulement autorisé. Le jeu de billes est toléré à condition d’utiliser les plates-bandes sans déborder ni heurter les buissons squelettiques. Aucune grosse bille, appelée « cartaches » ne peut entrer dans l’école. Les balles et ballons sont proscrits. Même une balle de tennis de table, appelé avec dégoût ping-pong, est confisquée sur-le-champ. Ce jeu considéré comme trop aristocrate, (on ne parle pas encore de sport), est interdit et vilipendé en raison de son caractère incompatible avec « les valeurs communales démocratiques. »
Je n’oserai jamais parler de ma passion pour le tennis au risque d’être catalogué comme sale bourgeois.

Ma deuxième année débute très bien. Mon instituteur, un homme féru de musique, me dope réellement. Il formule une demande écrite à mon père afin que je rejoigne son équipe de clarinettistes. Son refus catégorique d’intégrer ce petit orchestre brise ainsi définitivement mon espoir de jouer d’un instrument. Je devrai pratiquer le chant, c’est le plus beau des instruments puisque mon père chante.
J’aime bien ce maître gentil, assez jeune, dynamique. Mais une coqueluche qui tourne en asthme me force à quitter l’école pour quelques mois. Un seul remède, un séjour iodé à la mer du Nord.
Je tousse tout le temps et je m’épuise. Miracle ! L’air de la mer donne des résultats rapides qui laissent augurer un retour proche à Bruxelles. Erreur ! Je suis condamné à quatre mois de promenades.
Le spectacle de la côte est désolant.
Les fenêtres des maisons de la digue sont encore murées. Les brise-lames sont éventrés. La plage est jonchée de bandes de cartouches et de belles. La mer s’engouffre à marée haute dans les trous béants de certaines digues, rongeant les briques déjà poudreuses. Le casino est complètement détruit. Sa rotonde est dangereuse puisque les garde-fous ont été arrachés. Certaines zones sont interdites, minées pour plusieurs années encore. De temps en temps, la corne nous annonce un déminage dans une zone. Nous dégageons, nous nous s’abritons parfois et l’explosion nous assourdit durant quelques minutes.
La nourriture est encore rare et le chauffage de l’appartement où nous vivons est insuffisant.
Très malade, je reçois ma première piqûre de pénicilline, médicament difficile à trouver. Le médecin maladroit me pique à un endroit très sensible, je marcherai avec peine un mois durant.
Je retourne enfin à l’école pour achever avec succès ma deuxième année.
La troisième année marque un changement profond. Le calvaire commence.
La classe située au premier étage offre un spectacle de désolation. Les murs gris, délavés qui n’ont plus connu de peinture depuis de nombreuses années, tiennent davantage d’une cellule que d’un lieu d’épanouissement du savoir.
Un calendrier souffreteux offert par un commerçant occupe seul quelques centimètres carrés du mur. Dans le coin gauche, un évier sert uniquement à effacer la craie des mains du maître et du tableau.
Les bancs de bois me paraissent sombres, fatigués par le passage des écoliers. Ils sont propres, sans écriture, sans graffiti. Toute action de ce genre est sanctionnée sur-le-champ. A l’avant, au milieu, un trou reçoit au quotidien un encrier que le maître a rempli avant notre entrée en classe. L’encre est aussi désespérante que le reste ; elle est d’un noir mat. Le bleu est interdit, trop luxueux peut-être. Tout est payé par la commune. Les plumes ballons arrachent le fil du papier des cahiers. Je veux écrire bien, mais je pousse trop fort sur le porte-plume et j’étends l’encre à chaque lettre. Le maître interdit les ratures et pour éviter le gaspillage, il numérote les pages avant de nous donner nos cahiers. En cas de perte ou d’arrachage d’une page, une punition nous attend : recopier tous les textes dans un nouveau cahier et le rembourser à l’école. Certains parents ne le pourraient pas.
Une éclaircie pour tous ; le cours de dessins. Pour moi, une horreur !
Les crayons de couleurs sont interdits. Le crayon noir taillé à l’aide d’un couteau sert à dessiner les natures mortes les plus « motivantes » : poêlon de cuisine, boîte de fromage, pot en terre ; de quoi « stimuler » nos talents ! Et comme je suis nul en dessin, je ne m’attends à rien de bon. Un jour, le professeur prend ma place et dessine le pot de fleurs du siècle. Le cours s’achève et il ramasse les feuilles.
Le lendemain, je reçois une note désastreuse : quatre sur dix. Je n’ai pas touché au crayon !
Les livres sont à peine illustrés. En histoire, Ambiorix précède Charles Quint, imprimés en noir sur un papier jauni par les années. Aucun personnage glabre, quelques dessins de monuments. La géographie se limite, si j’ai bonne mémoire, à un apprentissage de la Belgique dessinée à la craie blanche sur le tableau noir. A de rares occasions, une craie de couleur jaillit de nulle part pour être rapidement cachée dans un tiroir
Rarement, le cérémonial des grandes cartes de Belgique en couleurs remplace le tableau. Le maître déroule avec ostentation, devant les enfants béats d’admiration, une carte qui prend toute la place du tableau noir et qui montre la géographie physique et administrative de la Belgique. C’est en quelque sorte l’événement de l’année. Après quelques minutes, le maître l’enroule avec soin pour la cacher dans une armoire fermée à clé. Craindrait-on que les regards n’en altèrent les couleurs ?
Le retour à la maison est strictement contrôlé. Notre itinéraire personnel est bien défini et a force de loi.
Un jour, je me hasarde à suivre un autre chemin et je découvre des champs remplis de renoncules jaunes. Je n’en ai jamais vu. Quelle beauté ! J’en cueille quelques-unes pour les donner à ma mère.
Catastrophe ! Je me suis vendu. J’ai désobéi aux consignes. La responsabilité de l’école est engagée. Je suis doublement puni, par ma mère et par mon maître qui m’oblige à recopier ce genre de phrase imbécile que je m’empresse d’oublier.
Est-il méchant ou maladroit, cet instituteur détesté ? Il appartient à cette génération autoritaire qui appliquent un système d’éducation rigide. N’est-il pas l’instituteur donc notre maître qui a tous les droits.
La cinquantaine bien affirmée, le pou, ainsi nommé par moi en raison de son nom flamand évocateur, porte éternellement une chemise blanche à col empesé, une cravate grise, un costume gris foncé, l’ensemble protégé par une blouse grise comme ses cheveux « cadoricinés », participe forgé sur la marque Cadoricin. Son habitude de nous jeter un regard gris profond, sans exprimer le moindre sentiment, me glace souvent le sang. Pas de chaleur humaine, aucune d’amabilité ; un comportement à se dégoûter de l’école. Il vivait pour enseigner, instruire un peu et former les enfants au civisme.
Tous les cours sont assurés par lui, même ceux de chant qui me vaudront, en raison de ma voix juste et mélodieuse, la joie d’exécuter des chants patriotiques en Flamand et en Français à l’occasion d’une cérémonie de commémoration aux morts de la Seconde Guerre Mondiale. Et un dimanche s’il vous plaît !
Et pendant que nous vocalisons comme des casseroles, la clarinette voisine enchante mes oreilles : un regret à vie !
Mon calvaire dure quatre années puisque notre maître se complait à nous suivre jusqu’en sixième.
En 1946, le premier journal Tintin sort de presse. Hergé baigne mon enfance. J’ai appris à lire avant l’heure les phylactères avec les albums Tintin. Mon père m’abonne au journal.
Enfin de la couleur, des textes joyeux, aérés et clairs ! Un moment palpitant pour nourrir mon imagination, un instant hors de la grisaille.
Mais attention au retour de bâton ! Mon orthographe n’est pas digne d’un enfant de quatrième. Le pou m’en fait souvent le reproche. Et pourtant j’aime aussi lire des livres de la bibliothèque verte que je gagne à la sueur de mon front. En effet, un couple de libraires m’accueille régulièrement. Je mets de l’ordre dans les rayons et, en récompense, je reçois souvent un livre ; broché s’entend. Les livres luxueux, inaccessibles au commun des mortels, sont cartonnés, comme les albums Tintin d’ailleurs.
En 1948, mon père instruit mon maître de ce coupable secret : je lis Tintin. Hergé ce bourgeois, capitaliste et collaborateur est détesté par le pou. A chaque occasion, le maître me ridiculise devant tous mes compagnons et critique mes lectures « tintinesques. »
« - Les images sont la décadence du français et de notre patriotisme. Les textes sont bourrés de fautes… ; Vous voyez mes enfants les résultats en français lorsqu’on lit cette feuille de chou » ; et j’en passe
La BD véhicule des valeurs incompatibles avec l’honneur et le patriotisme. Et mes copains rient de moi ; ils n’osent sans doute pas avouer qu’ils se régalent aussi de bandes dessinées de seconde zone.

********
L’avenue Longchamp va être rebaptisée avenue Winston Churchill en hommage au grand homme. Le Premier ministre anglais vient l’inaugurer. Toutes les enfants et les instituteurs de la commune se postent où l’avenue commence pour y fêter l’événement. Neuf heures, dix heures, onze heures trente. Pas de Churchill. Nous retournons bredouilles à l’école. Et pour cause ; Churchill nous attend à la fin de l’avenue, sans public ni ovation. Il repart courroucé.
Ce qui fera dire à mon père que les Anglais ne font rien comme les autres puisqu’ils roulent à gauche et baptisent les avenues à l’envers.
Les années s’éternisent dans cette grisaille. Mon meilleur copain de jeux, Michel, essaye de me suivre dans les études. J’ai peur de le perdre. Il est grand, fort, aimable et surtout il est mon défenseur face aux hordes de barbares qui règnent en caïds dans la cour de récréation. Je suis si fluet. Je me lie avec des copains juifs sortis de nulle part, pour la plupart sans père ni mère. Plus intéressés par la culture que mes autres copains, ils m’accompagnent dans les musées où nous nous régalons de tout.
Un dernier souvenir m’émeut encore : je me souviens d’un copain roumain, déjà un homme grand et blond qui s’était enfui son pays avec ses parents devant l’avance des troupes russes. Il nous annonce son départ de Belgique. Ses parents craignent l’arrivée des Russes dans notre pays. Les adieux sont touchants. C’est la première fois que je vois mon maître bouleversé. Il a préparé un cours spécial sur la nouvelle patrie de notre ami : l’Australie. Avec son départ, un pan de ma vie s’écroule.
En fait, combien sommes-nous en classe ? Vingt-deux en moyenne parmi lesquels une dizaine d’étrangers ballottés par la guerre. Nous nous respectons. Est-ce notre éducation qui nous influence ou simplement les valeurs prônées par notre maître ? Les deux à la fois sans aucun doute ; et après une guerre, personne ne veut ajouter de la souffrance.
Le dernier mois de notre cycle s’achève sur l’élection du meilleur compagnon de classe. Je tombe malade ce jour-là. A l’occasion de la proclamation des résultats, la commune organise une cérémonie officielle. Je suis appelé sur l’estrade pour y recevoir des mains du bourgmestre un livre de Mark Twain en récompense pour mon titre de meilleur compagnon. Mon maître me serre la main, le regard mouillé.
Après tant d’années, je me demande si son comportement rigide ne reflétait pas la peur d’exprimer ses propres sentiments. Encore un prisonnier de son éducation !
Je quitte la grisaille pour rejoindre mon école secondaire ouverte sur la nature et le monde. Mais le poids de ces quatre années va peser lourd dans la balance. Je n’ai pratiquement rien appris dans mon école.

4 commentaires Répondre

  • Robert Dehon Répondre

    Bonjour,
    J’entreprends une enquête sur les chutes d’armes "V" sur Bruxelles, sujet assez mal couvert.
    Pouvez-vous m’indiquer de quelle école touchée par un V-1 le 11/02/45 il s’agit ? Ou soit me contacter.
    D’avance grand merci.
    Cordialement,
    Robert Dehon
    Vieil Ucclois, www.cyanopale-histoires.com

  • Teresa Répondre

    Je suis nouvelle sur le site "age et transmission"et ce récit m’a passionné.Je suis née en 1940 et je vais vivement conseillé à mes petits enfants la lecture de ce texte.L’ainé a 14 ans et souvent il me demande de lui parler de mon enfance et de ma jeunesse, il me regarde comme si je venais d’une autre planète tant l’éducation a changée.Bien à vous

  • Paul Thielen Répondre

    Passionnant ce petit texte.
    Né en 1939 j’ai à peu près les mêmes souvenirs. je viens de mettre sur le web quelques souvenirs de l’époque du débarquement www.paulthielen.be.tf et je rédige d’autres souvenirs sur la Libération et la dernière année de la guerre.
    paulthielen yahoo.fr

  • girouette Répondre

    C’est passionant de suivre ton parcours d’enfant au jour le jour... surtout quand on sait que c’etait au lendemain de la guerre. Moi qui ai grandi à Uccle, ca me fait tout drôle de t’entendre parler de quartiers où les seuls changements que j’ai pu voir sont les nouvelles constructions de villa et d’immeuble de standing !
    J’ai hâte de lire la suite de ta vie... 😉

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