Dans un petit village du Brabant flamand au début des années 1950.

C’est l’hiver et le jour n’est pas encore levé. Arlette sort de chez elle, se rend deux maisons plus bas dans la même rangée. Aussitôt, une porte s’ouvre et sa copine sort à son tour.

Elles vont rejoindre, un peu plus loin,deux garçons et une fille . On les entend rire et s’amuser. Puis, un choc sourd, le plus petit des garçons vient de tomber. Il n’a pas encore l’adresse de son frère Oscar pour glisser sur les flaques gelées. Il vient d’ailleurs tout juste d’avoir 6 ans et l’autorisation de la paroisse de faire sa première communion en même temps que son frère aîné.

Allez Fred, mets-toi debout, je te tiens et ne pleurniche pas.

Arlette regarde Oscar. Comme elle aimerait avoir un frère comme lui. Seulement, elle vit seule avec sa grand-mère.

Pendant ce temps, Rosine et Claire s’approchent. Elles prennent leur élan, courent et glissent en essayant de garder leur équilibre. Elles sont chaussées de sabots plats en bois, parfaites pour ce genre d’exercice. Même des grosses mottes de terre ne résistent pas à la glissade.

C’est Claire qui, la première, prend conscience du temps qui passe. Même en partant tout de suite, ils arriveront une fois de plus en retard à l’église.

L’église se trouve à environ une demi-heure. Les enfants passent rapidement devant leur école qu’ils rejoindront plus tard dans la matinée. Le chemin qu’ils doivent emprunter longe une prairie et une petit bois marécageux aux arbres tordus. Au beau milieu de cette prairie, les ronces et les arbustes cachent à peine une tour, vestige d’un château fort.

Dès que la masse sombre se dessine dans la brume, les rires s’éteignent. Un croissant de lune parvient à percer les nuages plus sombres et vient éclairer faiblement le haut de la tour.

Tu crois qu’il y a quelque chose là-bas ? demande Fred.

Oui bien sûr, mais cette chose ne sort que la nuit, dit Oscar.

Mais.....C’est la nuit, dit Rosine. Tu crois qu’il nous entend, dis ?

Noon, mais il sent notre odeur, dit Oscar. L’oncle Georges nous a raconté qu’un soir, en rentrant tard, il a entendu un reniflement suivi de petits cris, comme si une souris s’était coincée la queue entre deux lattes.

Pour moi, le monstre la mangeait toute crue en commençant par la queue, dit Claire.

J’ai peur, dit Fred.

La même impulsion, comme poussée par un ressort géant, les oblige à prendre leurs jambes à leur cou. Ils s’arrêtent haletants devant le petit pont qui traverse le canal.

Ce pont, bien qu’en acier, est légèrement branlant, mais il a surtout la particularité d’être très étroit et deux personnes peuvent à peine s’y croiser.

C’est donc, peu rassurés qu’ils s’engagent sur celui-ci, la tour n’est pas bien loin.

La traversée exige toute leur attention, le sol est très glissant. Les battements de leur cœur sont accompagnés par le crissement de leurs sabots.

Vous avez entendu... .Ils écoutent...Non, rien....

Mais si, écoute... .Crac... .Crac... .Très léger.

C’est peut-être le chien. Hé Roxy, c’est toi. Pas de réponse.

On entend un craquement de plus en plus fort. Cette fois, c’est sûr, quelqu’un vient. Une ombre légère se dessine et semble énorme...

De plus en plus inquiets, ils ne parlent plus, ils ne bougent plus, ils respirent à peine et ils attendent le pire.

Petit à petit, le craquement se rapproche en cadence. Une silhouette de femme vient à leur rencontre.

Arlette se met à rire, elle a reconnu sa tante qui vient rendre visite à sa grand-mère. Elle s’arrête près des enfants et se met à rire à son tour voyant tous ces petits visages anxieux et soulagés à la fois. Elle va dans sa poche et en sort une boîte en fer-blanc. Elle la tend aux enfants et dit : prenez un bonbon avant de continuer.

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