J’ai envie de vous partager un souvenir de l’expérience d’affection, d’affectivité et d’intimité avec mon père. Ce n’est que quand j’avais 50 ans que je me suis rendu compte combien cette marque a été importante pour moi.
Je suis né au début des années 50. Chaque soir de mon enfance, avant que mon père aille se coucher, il rentrait dans ma chambre. J’étais au lit en dessous de mes couvertures (endormi ou non) et il me donnait une petite croix sur mon front en disant « Que Dieu te garde et que Dieu te bénisse ».
Ce front que certains appellent aussi « le troisième œil ».
C’était un petit rituel, qui me procurait un grand apaisement et un sentiment de sécurité.
Il me permettait de faire le passage en toute quiétude du monde actif de la journée vers le monde de l’obscurité, de la nuit…. du lâcher prise, de l’abandon….
Ce n’est pas le message religieux qui m’a le plus marqué. C’est surtout ce geste, ce toucher affectueux d’amour qui m’est resté, qui a laissé une trace. Je crois qu’il a été important pour mon développement comme jeune, puis comme adulte. Ca m’a donné la force et la sécurité dont j’avais besoin.
Au fait par ce geste, par ce rituel, il me disait : « C’est bon que tu sois là », « Bonne nuit… bonne vie ! »
C’est un rituel que j’ai passé à mes enfants aussi. Aujourd’hui quand je quitte ma maman qui est au crépuscule de sa vie, je lui transmets ce geste affectueux. Pour un passage tranquille de la vie vers la mort….
Sylvie Répondre
Ce texte a été partagé par Etienne lors d’un atelier philo à l’école Saint Augustin, juste avant que le temps ne soit suspendu par le confinement. Et juste avant le décès de sa maman sur le front de laquelle il a eu le temps de dessiner de ses doigts une croix pleine de tendresse et d’affection.
Je pense aujourd’hui à tous ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’accompagner leurs proches de leur présence physique dans leurs derniers instants...Et ose espérer à la communion des esprits et des coeurs.