Souvent j’ai en tête l’image d’un morceau de tissu. La dernière fois, ce tissu ou plutôt une « chute », je l’avais touché, j’en avais évalué sa fluidité ou rigidité. J’y avais déjà coupé la doublure de mon imper. Petit à petit se dessine un modèle de chemise. Dès que j’ai l’occasion, je monte dans « mon atelier ». Alors le motif, les couleurs, le métrage je les vois en chemise sur Hadrien, mon petit-fils. A ce stade, j’ai déjà vidé mon esprit d’un bon nombre de pensées négatives et mon corps d’une quantité non négligeable de stress.

Jusqu’au prochain moment "couture", la chemise trottera dans ma tête, les modèles défileront. Dès que possible, je fouillerai l’étagère croulant sous le poids des magazines de couture. Je pourrai reprendre un patron déjà utilisé. J’opte rarement pour ce procédé non pas que je rejette la facilité mais j’aime faire d’autres expériences, d’autres apprentissages.

Le patron choisi, je décalque les pièces nécessaires. Arrivent alors les moments palpitants : placer les pièces du patronage sur le tissu. Verdict : Il manque du tissu. Soit j’abandonne mon idée, soit j’envisage un autre modèle sans poche, sans col ou avec manches courtes.

L’image mentale de la chemise défile. Je suis dans ma bulle. Je chercherai dans ma caisse-tissu un morceau d’imprimés rigolo mais assorti. J’y couperai la poche, le col ou les parementures dans cet imprimé.

La réalisation est proche. L’appel de l’atelier devient de plus en plus fort : une heure par-ci, une demi-heure par là. J’assemble les pièces. Je choisis la couleur du fil, teste une ou deux couleurs. La machine se met en action. Je fignole, je surpique dans une autre couleur. Je suis parfois un peu sous-pression : j’ai hâte de voir la chemise réalisée.

Je ne peux pas la finir… je n’ai pas de boutons et raisonnablement, Hadrien doit l’essayer.

Finalement, cela me donnera encore une occasion de vider mon esprit en imaginant le mode de fermeture : boutons ou pressions ! Cette fois-ci, j’ai expérimenté les pressions de couleur.
La chemise réussie met en valeur Hadrien ou Hadrien met en valeur la chemise, question de point de vue.

A l’heure des inscriptions pour l’année 2018-2019 à l’atelier couture, je me penche une nouvelle fois sur cette activité qui occupe une partie de mon emploi du temps. Si j’ai régulièrement cette réflexion, peut-être est-ce parce que coudre a été longtemps considéré comme une des multiples tâches ménagères dévolues aux femmes. Non pas que je ne veuille pas accomplir des tâches ménagères, je dois encore me convaincre que je n’ai pas passé du temps à des futilités. Et d’ailleurs, pourquoi ne pourrait-on pas passer son temps à des futilités ?

Si j’ai acquis un certain savoir-faire à l’atelier, je me rends compte que coudre c’est plus que de la technique. C’est toucher, manipuler de la matière naturelle ou synthétique. C’est faire sortir un objet de ces matières. C’est tout simplement créer. Et contre toute attente, coudre est devenu ma séance de relaxation. Coudre me procure une sorte de bien-être, de paix intérieure. C’est en quelque sorte ma séance de « yoga » ou de « pleine conscience » (avec tout le respect que j’ai pour ces activités).

Et donc, je continuerai à coudre. Je voudrais arriver à créer un vêtement du dessin à la réalisation. Au fond de moi, j’aimerai aussi créer l’imprimé du tissu.

Je suis infiniment reconnaissante à mon institutrice de 3ème primaire à Forest et ma grand-mère paternelle de m’avoir transmis cette technique. Vais-je transmettre cette technique à d’autres ? L’avenir le dira.

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